14.12.2016 par YR
num.265 février 2017 p.06
Bus U jusqu'à Bossy, mais à quel prix ?

Bus U jusqu'à Bossy, mais à quel prix ?

Annoncée depuis le milieu de l'automne, l'allongement de la ligne de bus U des Transports Publics Genevois permet désormais à tout un chacun de relier Chavannes-des-Bois à Bossy sans interruption. Toutefois, la question du financement reste un sujet sensible et le nouvel horaire ne sera pas du goût de tous...

Une offre plus fournie

Lors de la cérémonie d'inauguration qui s'est tenue le lundi 12 décembre, Anne Hornung-Soukup (présidente du conseil d'administration des TPG depuis juillet 2016) a placé le nouveau parcours du bus U sous le signe de l'éducation : tout d'abord parce que la ligne U dessert le Cycle d'Orientation des Colombières ainsi que le Collège du Léman, mais également car il permet à des habitants moins jeunes, via la gare CFF, de rejoindre l'Université de Genève en un peu moins d'une heure.

Après Mme Hornung-Soukup, des élus de diverses communes (Chavannes-des-bois, Versoix, Collex-Bossy, mais aussi de Vaud et de France voisine) se sont succédés pour dire leur joie devant l'amélioration du service et la solidarité constructive de leurs communes respectives. On note, dans la prise de parole de Cédric Lambert (vice-maire PDC de Versoix), l'intention de lutter contre les « voitures ventouses » qui « étouffent Versoix » - un fléau qu'il entend combattre par la future mise en zone bleue de nombreuses places de stationnement.

À qui le coût ?

Ce n'est que lors de la prise de parole du Conseiller d'Etat genevois Luc Barthassat (PDC) que la question du financement est passée au premier plan.

M. Barthassat a affirmé que Genève s'est dotée des transports publics les moins chers de Suisse, et, au kilomètre carré, des mieux fournis d'Europe. Il a également relevé que la votation sur le gel du prix du ticket pose d'importants problèmes quant au financement d'une offre aussi étoffée : « on risque de se retrouver avec un manque à gagner de plus de 10 millions de francs ».

Or, pour des lignes comme la U, les TPG ne négocient l'aide à leur financement qu'avec les communes ; l'État de Genève ne subventionnant les TPG que pour l'offre jugée essentielle (les lignes D, F et Y sont elles aussi considérés comme complémentaires). C'est dans ce contexte spécifique qu'il faut comprendre l'appel de M. Lambert à une « concertation politique du financement équitable de l'offre de transports publics ». Par "équitable", il veut certainement dire "que les communes ne soient pas les seules à payer".

D'une part les communes bataillent à financer l'offre locale et l'État de Genève constate que les TPG affichent un manque à gagner de 10 millions en 2015. Cela, malgré les ventes de tickets et d'abonnements (142 millions), la contribution du canton (221 millions) et celle de la confédération (11 millions).
D'autre part, un référendum gèle les prix. Il y a une déconnexion.

Que ce soit par l'augmentation du prix du billet, de l'impôt ou par la baisse de l'offre, ce sont bien les usagers qui finiront par payer.

Un nouvel horaire à l'effet incertain

En plus des sept nouveaux arrêts, un nouvel horaire est en place. Son effet sur les trajets des pendulaires Versoix-Genève semble pour l'instant mitigé. Le retour de Genève en fin de journée, via le U, testera la patience des habitants des deux bouts du parcours : dans de nombreux cas, l'attente à l'arrêt Versoix-Gare fluctue entre dix et vingt minutes.

Plus longue, la ligne est plus facilement sujette aux contretemps, ce qui peut faire rater le train et causer au voyageur un retard d'une demi-heure. C'est actuellement le cas avec des travaux à Chavannes-des-Bois qui occasionnent jusqu'à cinq minutes de délai sur l'horaire normal. Un problème qui n'est pas nécessairement fatal, vu que le train regio Coppet-Genève a pris l'habitude d'avoir systématiquement quelques minutes de retard !

Enfin, un mot sur le bus 150 qui effectue le remplacement nocturne des regio Coppet-Genève du dimanche soir au jeudi soir : celui-ci gagne en rapidité, mais ne s'arrête plus à Chambésy. Les chambésiens sont invités à emprunter la ligne V, plus lente, quitte à changer de véhicule plusieurs fois avant d'atteindre leur destination. Un drôle de compromis.

Texte et photos : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour