07.06.2017 par YR
num.270 juillet-août 2017 p.07
« Un dérangement en est la cause »

« Un dérangement en est la cause »

Le matin du 30 mai a commencé comme tous les autres. Un ciel bleu azur, des températures quasi-estivales, les vestes tombées au profit des chemises. Le quai de la gare de Versoix voyait les voyageurs arriver et partir à rythme régulier.

Aux environs de 9h30, les pendulaires les plus vigilants ont remarqué quelque chose d'inhabituel. Au lieu des 3 minutes de retard habituelles, le panneau électronique faisait alors état d'un décalage plus grand. 5 minutes de retard. Puis 7 minutes. 9 minutes. 11 minutes.

Le temps passe. Une première annonce résonne enfin dans les hauts-parleurs. Le train est en retard. La thèse de l'enlèvement par des êtres extra-terrestres est conséquemment balayée. «Un dérangement en est la cause».

Un dérangement ? S'agit-il d'une panne ? D'un accident ? Et dans quel sens ? Le reste du trafic est-il également concerné ? Nul ne le sait. L'application mobile des CFF joue les miroirs, ajoutant les minutes de retard qui s'additionnent au fur et à mesure que le temps passe. 13 minutes de retard. 15 minutes. 17 minutes.

En attendant le Regio

Certains hésitent à se rendre à l'arrêt du bus V - au temps de trajet pourtant double de celui du train - qui apparait alors comme le seul recours devant un trafic CFF devenu imprévisible. Ce même bus V qui, lorsque le train au quart d'heure sera en place, ne se rendra plus à Genève Cornavin, mais à l'Aéroport de Cointrin.

Quelques jours plus tôt, le message des pouvoirs publics était clair. En substance : chers pendulaires, nul besoin de vous inquiéter de la plus grande dépendance au train, car en cas de panne, les transports publics mettront en place un bus de remplacement. Evidemment, les bus de remplacement existent depuis longtemps et ne sont pas utiles dans ce genre de situations.

L'adjonction d'une ligne de bus à la ligne de train en destination de Genève Cornavin est-elle de trop pour une ville comme Versoix ? Ca se discute. Pour les voyageurs désirant arriver relativement à l'heure, l'on peut même dire que ça se défend.

19 minutes de retard. 21. 23. Pas de bus de remplacement, bien sûr. Ceux-là ne sont mis en route que lorsqu'une panne dure depuis plusieurs heures. Un chauffeur doit être mobilisé, il doit se rendre sur le tracé... Bref, rien à voir. Heureusement, une annonce a été faite. La curiosité des voyageurs est en partie comblée : un autre Regio est bloqué à Tannay, et la durée des retards est indéterminée.

L'Express à la rescousse

Soudain, le Regio a destination de Coppet (le train inverse suivant celui qui a pris 25 minutes de retard) arrive jusqu'à la voie 1 de la gare de Versoix et s'y stoppe net. Il n'a d'ailleurs aucune intention de servir de train de remplacement en direction de Genève, car le panneau affiche désormais "Ne pas monter, svp". Comble de la situation, il repartira finalement en direction de Genève... sans avoir informé qui que ce soit de cela.

C'est en définitive dans un Regio Express pour Romont, faisant une halte exceptionnelle à Versoix, que les quidams qui cherchaient à rejoindre Coppet ont pu monter. De même, les voyageurs à destination de Genève ont pu grimper à bord d'un autre Regio Express, à 10h04.

Cette aventure illustre les quelques inconvénients de la desserte de Versoix par les CFF et les TPG. Concernant l'avenir du bus V, bien sûr, mais également au sujet des Regio Express : ceux-ci pourraient s'arrêter plus souvent (une fois par heure, par exemple) à Versoix, afin de proposer un accès "express" à la gare Cornavin ainsi qu'à l'aéroport.

Enfin, la communication lente et lacunaire des CFF en cas d'incident donne à l'ex-régie fédérale un ton méprisant fort malvenu alors même qu'elle demande, dans le cadre de ses travaux nocturnes, de nombreux efforts aux habitants de la rive droite.

Texte et photos : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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