15.03.2020 par YR
num.297 avril 2020 p.06
Au municipal : Tempête dans le verre d'eau socialiste

Au municipal : Tempête dans le verre d’eau socialiste

Démission ! À six jours de l’élection du nouveau Conseil municipal, un élu a préféré prendre la porte, et renoncer à son poste de vice-président au sein du bureau du Conseil. Cet élu, c’est Michel Zimmermann, en conflit ouvert et public depuis plusieurs mois avec la fraction versoisienne de son parti, le PS, qui n’a pas voulu de lui aux élections communales 2020. Il reste cependant haut-placé du PS genevois.

Désunion de la gauche : bis repetita

L’exercice d’écrire pour un mensuel a souvent des mérites, dont celui de permettre un certain recul à l’auteur de ces lignes, mais aussi des limites. Dans le cas présent, la rupture désormais consommée entre deux clans au Parti Socialiste prendra certainement une signification plus importante selon les résultats à l’élection au Conseil municipal, et au Conseil administratif (1er tour) du 15 mars.

Or, cet article est rédigé peu avant le premier tour en question, aux environs du 11 mars. Ornella Enhas (PS) est-elle en mesure de se maintenir au Conseil administratif ? Les socialistes, peu nombreux au Conseil municipal, se sont-ils remplumés ou ont-ils perdu des sièges ? Et chez les Verts, avec lesquels ils ne mènent pas campagne ? Il nous faudra attendre le prochain numéro. Reste que la gauche versoisienne apparaît aujourd’hui comme d’autant plus fragmentée.

Michel Zimmermann n’a pas attendu longtemps pour faire savoir sa démission. Dès le début de la séance, au rang des communications du bureau dont il a été vice-président, il a lu son discours. Assis depuis l’estrade, puis, sur demande d’élus socialistes, debout, directement en face des Conseillers municipaux.

Solennel, il épingle plus vite que son ombre : le couple Enhas, avant tout. Ornella Enhas est Conseillère administrative, et Huseyin Enhas est Conseiller municipal. Zimmermann affirme que Huseyin Enhas s’était positionné pour accéder au bureau. Le premier aurait déconseillé au second d’y aller, « conflit d’intérêt oblige ». Puis Zimmermann s’y est présenté, ce qui lui aurait valu l’inimitié de ses camarades, y compris de M. et Mme Enhas, qui aurait souhaité un autre.

Le président de la section Rive Droite du PS a également été rhabillé pour l’hiver, verbalement assigné à « l’aile droite carriériste » du parti, dans laquelle Zimmermann place également une bonne majorité du PS de Versoix.

Enfin, M. Zimmermann a dénoncé ce qu’il voit comme une hypocrisie de taille : selon lui, Mme Enhas et les autres conseillers municipaux socialistes auraient bataillé contre l’ouverture de nouvelles places en crèche jusqu’à la fin des négociations… avant de faire volte-face, puis, cette année, de faire campagne en se félicitant de l’ouverture de ces mêmes places.

En guise de réponse, Ornella Enhas a confié « qu’il assume » au journaliste de la Tribune de Genève, Xavier Lafargue.

Aucun socialiste — peu importe le banc occupé — n’a répondu, commenté, ou souhaité démentir les propos de M. Zimmermann lors de la séance du Conseil municipal. Nous ne pouvons donc, à ce stade, en dire plus sur leur position.

Trottoir et bande pédestre : un dossier ‘mal ficelé’ pour certains

Au rang des crédits votés selon l’ordre du jour, l’on compte 280’000 CHF pour « l’aménagement de trottoirs sur le chemin du Biolay ». Comme pointé par certains élus, l'appellation est en fait un brin confuse : si l’un des deux aménagements est bien un trottoir comme communément entendu, l’autre consiste en un « trottoir avec bordure basse » fabriqué « en matière argilo-calcaire ». Soit à même le sol de la route, ou presque.

C’est ce point qui a chagriné plusieurs élus Verts, dont John Kummer, également président de la commission de l’urbanisme. Contrairement à la formulation du projet effectué par le Conseil administratif, cette commission a scindé son préavis en deux. L’un pour le trottoir, et l’autre pour ce que nous désignerons comme une “bande pédestre”. Le premier sous-projet a été recommandé à l’unanimité, l’autre a été refusé à 5 non, 3 oui, et une abstention. Il est à noter que les deux autres commissions consultées, elles, ont recommandé le projet.

Les Verts ont suggéré de renvoyer le projet aux commissions, afin de le repenser : selon eux, il est question de retravailler cette idée de bande pédestre (pas assez sécurisante à leurs yeux pour les piétons, qui risquent de se voir mis en danger par des véhicules profitant de la marge supplémentaire pour se croiser), ou même de faire de cette demande de crédit deux demandes séparées, afin d’accepter l’un et refuser l’autre.

Cependant, les autres partis versoisiens n’ont pas vu les choses de la même manière. Au PLR, Jean-Marc Leiser a décrit le double projet comme « attendu par les habitants qui sont dans ce quartier ». Le trottoir avec bordure basse ? Pour lui, il s’agit « d’une solution pertinente pour respecter l’écologie, l’environnement », étant donné que la route en question est située en pleine nature.

Le PDC a abondé en ce sens. M. Ricci défend un projet qui permet d’éviter l’alternative actuelle : que les marcheurs se promènent sur l’actuelle bande herbeuse, peu praticable et propice à d’autres dangers, plus importants selon lui. Huesyin Enhas (PS) a indiqué que le PS « va soutenir ce projet, qui respecte la sécurité des piétons ».

Un renvoi du projet en commission a été refusé par une grande majorité des élus (seulement 8 votes favorables). Quant au crédit de 280’000 CHF, il a été entériné tel quel.

En bref…

  • Un demi-million de franc a été alloué pour la réfection de trois aires de jeux : au parc de l’école Adrien-Lachenal, au parc de Versoix-la Ville, tous deux en 2020, puis, en 2021, au Centre Sportif de Versoix (dit CSV).
  • 55’000 CHF ont été attribués à l’entretien des filtres à sable de la piscine du CSV, 14 ans après son installation
  • Un peu plus d’un million de franc de crédits ont été votés pour réaliser les travaux prévus sur les bâtiments gérés par la commune (crédits dits de « travaux gérance »), dont 270’000 CHF — la plus large tranche individuelle — pour l’école Adrien-Lachenal

Texte et photos : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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