15.09.2020 par YR
num.302 octobre 2020 p.10
Au Municipal : la densité en zone villa fait débat

Contre tout attente, le public était venu nombreux assister à cette première séance après les annulations de mars 2020. À la salle communale Lachenal, en dessous d'un entraînement de handball, plus d'une quinzaine de personnes étaient là, assises aux places désignées pour permettre d'offrir à chacun la distance réglementaire.

Ce jour-là, le Conseil municipal de Versoix est entré dans un autre monde. Une révolution qui n'a rien à voir avec sa nouvelle composition, et doit tout à la pandémie. Elle n'est pas explicitement à l'ordre du jour, mais s'invite dans chaque sujet, comme l'eau d'une fuite que différents emplâtres n'arrivent pas encore à colmater.

Le rituel des communications

Au rang des communications du bureau du Conseil, M. Richard a lu deux hommages, pour la mémoire de deux anciens élus aujourd'hui disparus : Alain Robert Barde (élu PLR de 1983 à 1985) et Bernard Levrat (élu PDC de 1967 à 2020). Une minute de silence a été observée.

Lors de ses communications, le maire Cédric Lambert (PDC) a fait la présentation d'une nouvelle offre de location de vélos (traditionnels et électriques) à Versoix, proposée par l'entreprise privée Donkey Republic. Abordant la question sensible du prix, l'édile a prévenu « je ne vais pas émettre de jugements de valeur... », avant d'égrainer une grille tarifaire tout bonnement exorbitante. « On m'a dit que c'est le marché qui fixe les prix », a commenté un Cédric Lambert perceptiblement perplexe.

La vice-maire et nouvelle venue du Conseil administratif, Jolanka Tchamkerten (Verts), n'a pas les dicastères les plus modestes, puisque chargée de la protection de la population, des bâtiments ou encore de la gérance.

Mme la vice-maire s'est faite l'écho — entre autres — du déploiement de la police municipale à l'entrée des écoles pour encourager les enfants à respecter la distanciation sociale, de la nécessité de respecter la priorité de droite dans les zones 30, du fait que l'Ancienne Préfecture a graduellement été rendue à ses usagers au cours du mois de septembre, ou encore d'une mise à l'essai d'un compacteur de déchets fonctionnant à l'énergie solaire ; un dispositif qui devrait avoir pour effet de baisser le nombre de levées des ordures.

Fermant la marche des communications, la conseillère administrative Ornella Enhas (PS) a informé l'auditoire que la création d'un groupement intercommunal autour de l'activité de la colonie de vacances La Ruche était à l'étude. Aussi, malgré les nombreux évènements annulés cette année pour cause de pandémie, le parcours-découverte à destination des nouveaux habitants de la commune sera bien maintenu pour ce mois d'octobre.

Oui à la stabilisation du bief

Après avoir procédé à une délégation de certaines de ses compétences relatives au territoire pour une durée de 5 ans et 4 mois (acceptée à l'unanimité des 25 présent-e-s), le Conseil municipal a également rendu un vote unanime — cette fois-ci sur la question de la stabilisation des rives et du lit mineur du bief de Pont-Céard.

Une forte érosion a causé, chez un propriétaire situé chemin des Graviers, un affaissement de terrain « d'environ 10 mètres de long », selon le message du Conseil administratif. « En aval de la passerelle, le bief s'est enfoncé de près d'un mètre, déstabilisant ainsi le pied de berge et provoquant à son tour l'effondrement de la rive. D'autre part, la passerelle actuelle présente un état de dégradation avancé et menace de s'effondrer ».

Devant un tel constat, un vote unanime en faveur du crédit de 305'000 CHF demandé pour procédé à cette stabilisation n'est guère surprenant. L'élue verte Aline Sauter Caillet a toutefois fait observer qu'il serait judicieux que la commune se dote de la possibilité d'aller régulièrement constater l'état des parcelles constatées, afin de pouvoir suivre la situation.

Non à la densification en zone villa

Faut-il accorder une dérogation menant à la densification l'usage d'une parcelle en zone villa jusqu'à atteindre un taux de 60% ? La question a été posée concernant le lopin 5757 situé au 13, chemin de la Grande-Ouche.

Le Conseil administratif s'est prononcé contre. Outre quelques motifs "politiques" (une loi est à l'étude au niveau cantonal, et la question de l'utilisation des sols est un sujet délicat pour Genève), le CA a déploré par la voix du maire Cédric Lambert le manque de concertation entre propriétaires, voisins et riverains, et ce malgré les qualités reconnues au projet de construction (au premier chef, que les deux bâtiments prévus sont à "très haute performance énergétique").

Le CA a également indiqué aux habitants alentours, mécontents du projet et auteurs d'une lettre aux autorités, qu'intrinsèquement, ce n'est pas tant le projet qui pose problème mais bien le contexte politique général ainsi que l'absence de concertation menée par Etoiles Vertes SA, l'entreprise à l'origine du projet.

La commission aménagement et transport n'a pas donné de préavis précis concernant cet enjeu puisque 4 de ses membres se sont montrés favorables à la dérogation, 4 l'ont refusé, et 1 dernier élu s'est abstenu : une vraie réponse de normand !

Quant aux partis, ils ont chacun montré une facette d'eux-mêmes. Pour le PDC, les raisons sont les mêmes que pour le Conseil administratif. C'est donc non. Les Verts s'opposent également, avançant des « doutes sur la capacité de survie des arbres pendant les travaux », par la voix de Mme Sauter Caillet. Le PS s'est montrer en faveur « d'urbaniser », mais rebutés par le manque de concertation : ce sera donc l'abstention. Enfin, le PLR loue un « bon projet » au mauvais endroit. Il faut pour eux « défendre la zone villa », a indiqué M. Leiser. Pour eux, c'est non — et ils sont les seuls à refuser aussi explicitement la densité d'environ 60%.

En définitive, la dérogation a été refusée par 21 non et 4 abstentions. Le public, probablement composé de riverains inquiets, a applaudi l'issue du vote.

Le moratoire sur les antennes de téléphonie a de beaux jours devant lui

Outre la désignation d'un élu municipal versoisien au Groupement des Législatifs de la Rive Droite (il s'agit du Vert Jean-Pierre Kapp) et de quatre personnes aux rôles de président et vice-président du local de vote pour 2021 (2 PLR, 2 PS, chaque parti présentant également un suppléant), la question de la 5G s'est invitée par le truchement d'une motion.

Cette motion, défendue par tous les partis sauf le PDC, demande au « Conseil administratif de s'opposer aux demandes d'autorisation en cours et à venir pour le développement de la technologie 5G sur le territoire de notre commune ».

Cette motion est-elle indispensable ? Pas sûr, car en 2018, le moratoire versoisien sur l'installation de nouvelles antenne a été à nouveau prolongé. Pour le PLR Jean-Marc Leiser, une motion de ce genre sert surtout de « rappel en début de chaque législation » afin d'éviter une pose d'antennes sur le toit des écoles et des EMS.

Le PDC, par la voix de Gilles Chappatte, ne voit pas les choses de la même manière. « On a besoin de ces installations », dit-il dans une ville où, même proche de la mairie, son téléphone capterait mieux le réseau français que suisse. Il trouve cette motion conservatrice d'autant plus dommage que le canton de « Genève est déjà doté du moratoire le plus strict de Suisse ».

Sa proposition de renvoyer cette motion devant la commission chargée des aménagements a été refusée par 19 non et 6 oui. Comme souhaité par ses initiants, le texte a été renvoyé au Conseil administratif par 18 oui, 5 non et 1 abstention.

En clôture de séance, la parole a été confiée au public. Deux représentantes du collectif féministe « Versoix Égalité » ont remis au Conseil administratif une pétition demandant qu'un plus grand nombre de noms de femmes et d'actions féministes soit donné aux rues et places de la commune, dans ce qu'elles reconnaissent comme "un espace public par les hommes, pour les hommes".

Quant à l'ancien maire René Schnekenburger, il a vigoureusement plaidé pour le retour de la cérémonie des « mérites versoisiens » de la culture et des sports, et a félicité les autorités pour la bonne tenue des travaux de Port-Choiseul, où aujourd'hui cela « fonctionne bien ».

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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