29.09.2020 par YR
num.303 novembre 2020 p.10
Votations : Versoix, comme Genève, fait le grand écart entre salaire minimum et déductions fiscales

Votations : Versoix, comme Genève, fait le grand écart entre salaire minimum et déductions fiscales

Dimanche 27 septembre, le suspense a duré plus longtemps que d'habitude. Tant pour la Suisse que pour Genève, plusieurs objets ont ballotté entre le oui et le non, avant que les résultats définitifs aient le dernier mot... et dans certains cas, créent la surprise.

Après ce vacarme, une question : Versoix a-t-elle voté comme Genève, et comme la Suisse ?

Objets fédéraux : Versoix aurait aimé la déduction des frais de garde

L'initiative « Pour une immigration modérée » portée par l'UDC a été refusée par le peuple Suisse (61,7% contre) comme par la population genevoise (68% contre). Aucune commune n'a voté majoritairement pour, et aucun clivage n'apparaît entre petites et grandes communes (dans les chiffres de la Chancellerie d'État genevoise, la limite entre petite et grande commune est fixée à 10'000 habitants par circonscription). Versoix est dans la moyenne genevoise, avec 66,7% d'opinions défavorables.

Le référendum sur la « Déduction fiscale des frais de garde des enfants par des tiers », pourtant nettement refusée au niveau national (63,2%) a été acceptée d'un cheveux par les genevois (50,05% pour, à 130 voix près). En moyenne, les petites communes se sont montrées pour (56% de oui) et les plus grandes se sont montrées contre (51% de non). Versoix est, comme nous l'observons depuis quelques années dans cette série d'articles décortiquant les résultats de votes et élections, à cheval entre ville et campagne, comme une Genève en miniature : 51% de oui.

L'image à garder en tête, et qui accompagne cet article sous forme d'illustration, est celle d'une Genève séparée en deux quant à ce référendum défendu par le centre et la droite (le PDC, le PLR, et l'UDC). Avec ce röstigraben du bout de la romandie, l'on voit que cet objet de Déduction fiscale oppose la Ville de Genève et sa banlieue aux communes situées sur les rives du Lac. Versoix peut voter en accord avec des thématiques de gauche, mais quand il est question de fiscalité, l'enthousiasme s'y fait beaucoup plus modeste (voir les résultats l'initiative Zéro Pertes, plus loin, que Versoix aurait très bien pu refuser). Cette distribution des rôles est à surveiller lors des prochaines votations : elle pourrait amener quelques surprises sur le rôle que Versoix joue dans le jeu politique cantonal.

Loi sur la chasse, congé paternité, avions de combat : pour ces trois scrutins fédéraux, Versoix a voté comme Genève, et la plupart des communes genevoises ont emboîté le pas. Seule différence de taille entre Genève et la Suisse : la question des avions de combat. Accepté par 9'000 voix au niveau national (50,14% de oui), l'achat d'une nouvelle flotte aérienne a été refusée par 62% des genevois et 61% des versoisiens.

Objets cantonaux : oui à Zéro Pertes, d'un cheveu également

Impossible d'évoquer les votations cantonales de septembre 2020 sans parler de l'initiative Zéro Pertes, défendue par la gauche et les syndicats, et ayant passé la rampe avec seulement 72 voix d'avance (50,03%). Ce texte visant entre autres à « limiter la concurrence fiscale entre cantons » a également gagné de quelques voix à Versoix (38 suffrages de différence ont hissé le "oui" à 50,6%), tandis que les habitants de la Ville de Genève l'ont plus largement embrassé (56,3% en sa faveur). Difficile de ne pas voir un clivage gauche/droite aligné sur la réalité des opinions des habitants de communes de moins de 10'000 habitants (62% de non) face à ceux qui vivent dans les plus peuplées (oui à 52%).

Autre surprise de ces votations, la réussite de l'initiative sur le salaire minimum, acceptée à 58% dans le canton. Si le "oui" de Versoix est prudent quant à l'initiative Zéro Pertes, il est bien plus franc sur cette autre initiative de la gauche : 57,9% de voix en faveur du texte. Peut-être parce que l'initiative ne concerne pas la fiscalité, mais le revenu. Le "oui" à Versoix n'atteint pas pour autant les scores atteints aux Avanchets (69%) ou au global en Ville de Genève (63%). Les communes de moins de 10'000 habitants ont en moyenne rejeté l'objet, par 51% de non.

Quant aux objets restants — présidence du Conseil d'État, aide à domicile, loi sur la circulation routière (parkings souterrains) — ils ont tous été confortablement acceptés par les genevois, peu importe les communes ; Versoix se situant toujours à quelques points de pourcentage seulement de la moyenne genevoise.

Politiquement, où est Versoix ?

Tantôt à droite, tantôt à gauche, souvent dans la moyenne mais jamais avare de voter à sa façon : la somme des opinions exprimées à Versoix aboutit à un centrisme de consensus. En effet, la commune s'est positionnée en faveur à la fois d'allégements fiscaux et d'un salaire minimum, et se réserve le droit de refuser moins radicalement l'initiative « Immigration modérée » de l'UDC ainsi que l'achat d'avions de combat, comparée à bon nombre d'autres communes genevoises.

Texte : Yann Rieder
Illustration : Chancellerie d'Etat, État de Genève

auteur : Yann Rieder

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