17.01.2021 par ValC
num.305 février 2021 p.15
À la découverte des ondes Martenot avec Jacques Tchamkerten

Les ondes Martenot sont un des premiers instruments électroniques mis en place en 1928, avant les pianos électroniques et autres synthétiseurs. Un objet peu connu que Jacques Tchamkerten, versoisien, est un des rares possesseurs et interprète de cet instrument en Suisse.


À quoi ressemblent les ondes Martenot? C’est instrument composé d’un clavier, semblable à celui d’un piano, avec un tiroir à gauche de l’étendue qui sert à régler la force du son. Mais surtout, devant le clavier il y a un ruban par-dessus lequel se trouve un fil qui permet de produire des sons particuliers, comme venus d’ailleurs. Le tout sort de haut-parleurs, reliés à l’instrument. «Ce côté mystérieux est tellement séduisant et touche beaucoup», dépeint Jacques Tchamkerten.


Responsable de la bibliothèque du Conservatoire de musique de Genève, il a découvert l’instrument il y a près de quarante ans, tout d’abord à la radio. Puis, le musicien a eu l’occasion de partir une année se former aux ondes Martenot en France, au Conservatoire de Saint-Maur, près de Paris.


Depuis, il est l’un de seuls à jouer des ondes Martenot en Suisse et à posséder non pas un, mais deux exemplaires de modèles assez anciens. Malgré sa rareté et son étrangeté, l’instrument, bientôt centenaire, a été plus présent qu’on ne le croit dans l’environnement musical.


L’âge d’or de la machine a eu lieu des années trente jusqu’aux années septante, et les ondes ont été utilisées dans plusieurs films hollywoodiens, mais aussi dans des chansons d’artistes, comme celles de Jacques Brel. On peut l’entendre notamment dans Ne me quitte pas et Le plat pays. D’autres groupes ont plus récemment réutilisé les ondes Martenot, comme Radiohead.


L’instrument va-t-il perdurer encore dans le temps, à l’heure des pianos électriques et synthétiseurs très développés ? Pour Jacques Tchamkerten, les ondes Martenot n’ont pas encore joué leur dernière note. «L’onde a une possibilité expressive inégalable. C’est complètement humain, il n’y aucun automatisme, toute action a une incidence immédiate sur le son», expose-t-il.


Depuis quelques années, l’ondiste remarque un regain d’intérêt pour l’instrument surtout auprès des jeunes. Lorsque que le musicien rejoint des orchestres pour les accompagner avec les ondes Martenot, l’objet a du succès et amène beaucoup de curiosité et d’intérêt.


Les ondes Martenot savent se maintenir grâce à leur répertoire musical, et des versions plus récentes de l’instrument sont produites, au Japon notamment, sous le nom d’Ondomo. «À l’époque c’était démodé et on était perçus comme des zigotos», se remémore Jacques Tchamkerten avec amusement. Les son vocaux et irréels de l’instrument n’ont pas fini de le faire vibrer et d’accompagner, discrètement, le monde de la musique.
 

auteur : Valentine Curvaia

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