29.08.2021 par YR
num.310 juillet-août 2021 p.07
Aucun Léman Express à Versoix cet été : la sécurité d'abord

Du 9 juillet au 29 août 2021, les lignes du Léman Express ne desserviront aucune gare de Coppet à Genève-Sécheron inclus. Selon les CFF, ces travaux sont indispensables à la sécurité et au confort des voyageurs. Ils permettront également de réaliser quelques aménagements aux gares de Versoix, Pont-Céard, Les Tuileries, et Coppet. Les habitants de la commune, eux, se sentent toujours comparativement délaissés.

Deux fois par siècle environ
Une séance d'information publique tenue le 27 mai dernier à la salle communale Lachenal a permis aux habitants de s'informer sur la teneur de ces travaux, et de faire état de leurs réactions. Nous avons pu en outre converser avec les employés des CFF en charge du dossier.
Ces sept semaines de travaux concernent en priorité la voie ferrée entre Genève et Coppet, supportant désormais la pression du train au quart d'heure Léman Express. Selon Pierre Ferbus, directeur de travaux aux CFF, ce renouvellement doit intervenir une fois tous les 40 ans environ. Sans un tel entretien, les CFF ont le choix entre réduire la vitesse des trains (mettant à mal le service au quart d'heure) ou augmenter le risque d'accidents.
Interruption du trafic oblige, l'ex-régie fédérale fait d'une pierre, plusieurs coups : à la gare de Versoix, les CFF en profitent pour élargir les voies, prolonger le quai n°1 et en réduire la pente (pour ainsi garantir une meilleure accessibilité), ou encore refaire l'étanchéité du passage intérieur. À la halte de Pont-Céard, c'est un nouvel abri voyageur qui trônera sur un quai élargi... sans oublier le replantage (cet automne) des arbres coupés en mars dernier pour faciliter les travaux. Aux Tuileries, l'abri voyageur sera modernisé, le quai rehaussé et élargi, et la paroi anti- bruit dressée côté Lausanne sera refaite à neuf.
Les interventions auront principalement lieu de jour, sauf durant trois week-ends de « travaux intensifs » : ceux du 9 au 12 juillet, du 16 au 19 juillet, et du 30 juillet au 2 août. En outre, « toute la ligne est concernée par les travaux », et « des nuisances dues à la logistique ferroviaire sont possibles ». Des alarmes sonores pourront être utilisées la nuit, afin d'assurer la sécurité des ouvrières et ouvriers. Des lettres d'information sont distribuées chez les riverains pour les avertir de la nature des nuisances les concernant spécifiquement.

Reprise et avenir
Le trafic ferroviaire est prévu pour reprendre « quoi qu'il arrive » au 30 août 2021, à partir de 05h00 du matin. Si les travaux venaient à prendre du retard (intempérie, fortes chaleurs, etc.), les CFF proposeront un retour progressif de l'offre à cette date. Autrement dit : la cadence au quart d'heure pourrait ne pas être de retour immédiatement après la fin de l'interruption totale. L'objectif est cependant qu'au 30 août, le trafic normal reprenne dans son intégralité.
S'agit-il des derniers travaux sur la ligne Genève-Coppet ?
Que nenni ! « Énormément de travaux sont planifiés », notamment concernant la gare de Genthod-Bellevue. Ceux-ci auront lieu « à l'horizon 2025 au plus tôt ».
Pour tout ce qui concerne une offre de Regio Express plus fréquente à Versoix, ou même toute autre amélioration de l'offre, le chef adjoint du service de presse des CFF Frédéric Revaz botte en touche : « ça dépend de l'Office Fédéral des Transports et des cantons. C'est le leadership de la Confédération ». Au demeurant, « la desserte va être compliquée à améliorer » avant d'avoir passé le cap des rénovations prévues dans le plan Léman 2030.

À plus dans le bus (ou le Regio Express)
Qui dit interruption du trafic ferroviaire local dit retour des bus de remplacements. Même dans le « monde d'après » du COVID, ils sont toujours là !
L'offre alternative des CFF est, du moins sur le papier, la meilleure qu'ils aient pu offrir jusqu'à présent :

  • Du lundi au dimanche, toutes les 30 minutes, des bus dits « régionaux » s'arrêtant à tous les arrêts de la ligne de train Genève — Coppet sauf Chambésy (cet arrêt est, lui, uniquement relié par le bus 20 des TPG). Se rendre de Genève à Coppet avec ces bus devrait durer 40 minutes.
  • Du lundi au samedi, toutes les 15 minutes, des bus dits « directs » s'arrêtant uniquement à Genève Cornavin, Sécheron, Bellevue-mairie, Versoix, et Pont- Céard. Se rendre de Pont-Céard à Genève avec ces bus « directs » devrait prendre 25 minutes environ.
  • Du lundi au vendredi, aux heures de pointes (entre 6h et 9h et entre 16h et 19h), les Regio Express marquant habituellement l'arrêt à Cornavin et à Coppet feront également halte à Versoix.

Les horaires précis seront à retrouver aux arrêts concernés (les arrêts TPG existants), ainsi que sur le site internet des CFF. Pour le bus de remplacement, l'arrêt de Genève-Cornavin sera situé au même endroit qu'aux précédents dérangements de la ligne : au niveau de la pharmacie Amavita de la grande gare.
Pour emprunter ces véhicules, les billets ne pourront « en principe pas » être achetés dans les bus de remplacement, nous ont précisé les CFF. Notre théorie, suggérée par un versoisien à l'esprit affuté, est que l'entreprise a principalement affrété des cars postaux, dépourvus de machines à billets. Il faudra donc se munir à l'avance d'un ticket Unireso valable dans un point de vente agréé (le terminal d'une gare, par exemple) ou sur l'application mobile des CFF — une limitation manifeste qui n'a pas manqué d'exaspérer bon nombre d'habitant-e-s venu assister à la séance d'information publique consacrée aux travaux.
Enfin, à l'exception des voies 2 et 3 de la gare de Versoix, l'ensemble des quais des gares allant de Sécheron jusqu'à Tannay seront inaccessibles durant les travaux.

Un public qui en veut plus, un ancien Secrétaire Général qui se dit inquiet
Fait notoire, le maire de Versoix Cédric Lambert (PDC) et l'ancien Secrétaire Général de la mairie de Versoix Frank Lavanchy étaient présents lors de la séance d'information publique. Sans se présenter nommément aux représentants des CFF ou au public, M. Lavanchy a été le premier à poser une question : « Je suis inquiet. Hormis les travaux sur les voies, pour Versoix, je crois que vous êtes passés comme chat sur braise. À Pont-Céard, on fait vite un coup de peinture. À la gare de Versoix, on ne fait rien d'énorme. Le passage sous-gare est pourtant important. Quand on voit ce qui se passe, j'ai l'impression qu'on est les parents pauvres... »

Voilà donc l'ancien Secrétaire Général qui, arrivé dans la salle en compagnie du maire en fonction (pour quelques jours encore), pose une question éminemment politique aux employés des CFF sans expliquer le rôle important qu'il a récemment tenu (et semble encore tenir, sans directement faire partie de la maison) auprès des autorités communales. Si ce sentiment semble bien partagé par une partie au moins des habitant-e-s présents, la façon de faire est surprenante et pour le moins inhabituelle.
Moins interloqués que nous, les représentants de l'entreprise ont fait valoir que « notre priorité, c'est les voies, on ne peut pas tout prévoir en même temps », ajoutant qu'il y a « énormément de projets » dans le pipeline, et qu'il passera la remarque à sa hiérarchie.
Contacté par nos soins quelques jours plus tard, Cédric Lambert nous a confirmé que M. Lavanchy n'occupe aucune fonction au sein de la mairie ou auprès du Conseil administratif depuis son départ à la retraite en août 2020. Il explique par ailleurs n'avoir rencontré ce dernier que deux fois depuis cette date. Quant à la question posée par M. Lavanchy, M. Lambert l'a jugée « embarrassante » pour les CFF, étant donné qu'elle porte sur un dossier en cours entre la commune et l'entreprise.
Prenant la parole ensuite, une habitante s'est dit dans un premier temps rassurée par l'offre de remplacement. Mais pour elle, « le problème, c'est le dimanche. On croit qu'il n'y a personne le dimanche. Pourtant, en fin d'après-midi, le train est plein à craquer ». Et de craindre que l'offre de remplacement ne suffise pas à pallier à la demande dominicale.
Pour les CFF, ces cas de figure — le dimanche ou d'autres jours — sont prévus : « il y aura des bus de réserve à certains endroits pour être engagés "très rapidement" pour suppléer à un manque de place ». De plus, le collaborateur a fait observer que des bus plus longs (à soufflets) seront proposés lors des heures de pointes, et que ces travaux auront lieu durant les vacances scolaires.
Une autre personne a soulevé la question de la montée sur le quai de Pont-Céard depuis son "côté Lausanne". Très raide, cet accès mériterait également d'être drastiquement repensé, selon cette habitante. Réponse d'un employé des CFF :
« un projet de développement est prévu à l'horizon 2025-2026. Cet accès ne nous appartient pas, et relève du domaine communal. Il s'agit donc d'une problématique conjointe entre les CFF et Versoix ».

Enfin, le maire de Versoix a — sans se présenter lui non plus — conclu la séance publique avec une question de son cru : « Des déviations automobiles sont-elles prévues à la gare de Versoix ? ». Réponse de Pierre Ferbus, des CFF : « Oui. Dès la semaine [du 31 mai 2021], on va commencer des travaux pour réaliser les exutoires d'eau vers les collecteurs communaux. Il s'agit d'une déviation ponctuelle de deux semaines via le chemin Courvoisier ; la seule déviation entière lors des travaux. ». Et à M. Ferbus d'ajouter, à quelques mots de sa conclusion, « on a vu ça avec les autorités communales ». Voilà un détail particulièrement cocasse quand on connait l'identité de son interlocuteur.
Sur sa présence lors de cette séance, M. Lambert nous a confirmé quelques jours plus tard s'y être inscrit comme un citoyen lambda, afin de compiler de possibles nouvelles informations en amont de la séance du Conseil municipal de la fin mai. Grand bien lui en a pris : il n'avait semble-t-il pas été mis au courant de l'offre de bus et de trains de remplacement, qu'il dit avoir découvert avec le reste des riverains présents dans la salle.

Texte et photos : Yann Rieder

Transparence : les extraits d’interview de M. Lambert étant le fruit
d’un bref échange téléphonique sans retranscription mot-pour-mot de
ses propos et tenus dans un cadre non-public, nous avons laissé à
l’intéressé la possibilité de relire la partie de l’article reflétant
son interview, et uniquement celle-ci. Une précision mineure y a été
apportée suite à cela. Nous n’avons pas pu joindre M. Lavanchy.

auteur : Yann Rieder

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