24.02.2022 par ro
num.316 mars 2022 p.06
La CLI en sortie : Port-Choiseul

Dans le cadre des leçons d’environnement, quelques élèves de la CLI se sont intéressés à découvrir Port- Choiseul. En arrivant sur place, ils se sont trouvés face à un énorme chantier.
De là est partie l’idée de s’intéresser à quelques métiers en lien avec ce lieu connu des élèves.
Nous avons donc décidé ensemble d’interviewer 3 personnes qui travaillent sur le port.
2 personnes travaillent sur le chantier et une toute l’année dans le restaurant du Club nautique de Versoix. Voici ce que nous avons découvert.

Interview du CONTREMAÏTRE  réalisé par Joshua
Comment s’appelle votre métier?
Contremaître, cela veut dire que je suis le chef du chantier. Nous sommes 2 contremaîtres.
Pouvez-vous nous le décrire ?
Je commande le matériel nécessaire au chantier et le contrôle. Je dirige les personnes sur le chantier, les barges et je prends des décisions. Mon collègue peut être dans le bureau pour s’occuper plus de la partie des plans.
Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?
Cela fait environ 4 ans et mon collègue depuis le mois de septembre.
Quelle est votre formation ?
J’ai fait ma formation sur les chantiers. Nous nous sommes spécialisés sur les projets sur l’eau ou autour de l’eau.
A combien vous travaillez pour ce chantier ?
Environ 12 et 14 personnes, dont 4 scaphandriers.
A quoi sert ce chantier ?
Le port s’est rempli de sable depuis des années. Nous enlevons du sable et redonnons une profondeur de 2,5 mètres dans tout le port car les bateaux touchent le fond. Nous nettoyons le fond du port mais également les jetées avec un jet très puissant.
Nous avons déjà rempli environ 30 barges de 24 mètres de long par 7
mètres de large et n’avons fait qu’un tiers du port.
Pourquoi le port se remplit-il de sable ?
A cause des courants, des tempêtes et de la bise. Les rivières amènent aussi beaucoup de sable dans le lac. Le sable s’accumule dans le port à des hauteurs différentes. Nous avons une pelle mécanique sur une plate- forme qui flotte et une grosse barge que nous remplissons avec le sable que nous ramassons.
Combien d’épaisseur de sable avez- vous enlevé ?
Cela dépend des endroits, on doit remettre 2,5 m de profondeur partout.
Comment avez-vous mis la pelle mécanique sur le bateau ?
On a mis des rampes entre le port et le bateau pour faire rouler la pelle mécanique sur la plateforme. La machine pèse 35 tonnes (plus que 10 voitures).
Combien de bateaux avez-vous ?
5 bateaux, dont 3 barges et 2 pousseurs car les barges n’ont pas de moteur. Nous avons aussi des pontons.
Où allez-vous vider le sable et à quelle profondeur ?
Au large de Gland, entre la frontière suisse et française, là où le lac est profond, à 110 mètres. Cela s’appelle le « noyage ». On doit avoir des autorisations.
Pour le moment, nous vidons le sable à la pelle mécanique mais bientôt, nous aurons une barge qui s’appelle « un noyeur » et qui s’ouvrira par- dessous, comme cela le sable sortira tout seul dans l’eau.
Quand le chantier a-t-il commencé et jusqu’à quand ?
Le chantier a commencé fin septembre 2021 et il finira mi-mai 2022.
Est-ce un chantier difficile ?
C’est la météo qui décide car s’il y a du vent, il y a des vagues et c’est trop dangereux de travailler sur l’eau.
Avez-vous vidé d’autres ports en Suisse ou à l’étranger ?
Non, c’est le premier.
Est-ce vous qui avez rénové la grue du port et comment vous avez fait ?
Non, c’est une autre entreprise.

Interview de la SERVEUSE réalisé par Aëlys
Comment s’appelle votre métier ?
Je suis serveuse dans un restaurant, sommelière ou dame de café selon les régions.
Pouvez-vous nous le décrire ? Quand j’arrive le matin, je mets les tables et organise la salle, puis j’accueille les clients. Je leur sers à boire et à manger, puis je dois encaisser l’argent.
Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?
J’ai commencé à 17 ans et cela fait 47 ans.
Quelle formation devez-vous faire ?
Je n’ai aucune formation car je suis une ancienne serveuse. J’ai commencé dans un café puis j’ai appris sur le tas. Pour ce travail, il n’y a pas besoin d’une grande formation mais de nos jours, ce serait mieux. Il faudrait apprendre à avoir de bonnes relations avec les clients et connaître les bons gestes du service.
Le principal est la sympathie avec le client.
Je ne parle que le français mais il serait encore mieux de connaître l’anglais.
Est-ce que c’est un métier facile?
Non, c’est un peu dur mais ce métier est psychologiquement intéressant car nous avons des liens avec beaucoup de personnes.
Nous avons parfois des petites embrouilles avec des clients mais on doit les résoudre. Cela peut être des plats qui se font attendre ou des plats parfois qui peuvent arriver pas très chauds.
Combien de clients pouvez-vous servir au maximum ?
Le restaurant peut accueillir 130-140 personnes. On peut en mettre 80 sur la terrasse et 50 environ à l’intérieur.
Avec le COVID, on peut en mettre moins car il faut garder des distances entre les tables. On en accueille la moitié. Mais cela n’est pas un problème car les gens viennent moins. Nous n’utilisons plus la terrasse car il fait trop froid.
Combien de cuisiniers avez-vous?
En pleine saison, de mai à septembre, nous travaillons 7 jours sur 7 et nous avons 4 cuisiniers. Sinon, nous n’en avons que 2 car nous fermons 2 jours, les lundis et mardis.
Maintenant, nous ne sommes que 2 serveuses mais sinon, nous sommes 5 ou 6 serveuses. Le restaurant et le snack du bas ferment du 19 décembre au 15 février.
Quels sont vos horaires ?
Je commence à 8 heures 30 et je finis à 16 heures. Ma collègue vient de 16 heures à 23 heures. J’ai 2 mois de vacances entre le 19 décembre et le 15 février. L’été, je travaille tout le temps.
Y a-t-il souvent des fêtes dans le restaurant ?
Oui, nous faisons des anniversaires et des mariages car la grandeur du restaurant s’y prête.
Est-ce toujours le même patron?
C’est le même gérant mais le restaurant appartient au club nautique de Versoix. Il a été construit dans les années 1960 et il était réservé aux membres du club. Il est ouvert au public depuis 1978.
Est-ce que le petit bar du bas vous appartient ?
C’est le même gérant mais il fonctionne différemment. Ici, nous faisons de la restauration et en bas, nous faisons des pizzas, des kebabs, et plein de petites choses à manger sur le pouce comme des croque- monsieur. A partir du mois d’octobre, nous faisons la fondue et la raclette.
Quel est le plat le plus servi ?
Nous avons tous les jours le menu du marché et nous proposons 2 entrées, 2 plats et 2 desserts. Nous avons aussi la carte mais les gens viennent pour les filets de perches. Ils sont du lac et nous travaillons toujours avec un pêcheur du coin, Michel Perrissol. On reste fidèle à son poisson.
Est-ce que ce restaurant a des étoiles ?
Non
Quelle sorte de clientèle avez-vous ?
Nous n’avons que 10-15 % d’habitués et 80 % de clientèle de passage. Plusieurs personnes parlent une autre langue mais mes collègues parlent aussi l’anglais.
Avez-vous déjà servi des gens célèbres ?
Je ne peux pas vous dire car moi, je travaille à la buvette du bas et je fais seulement les mois de mars, novembre et décembre au restaurant. Mais, nous avons dû avoir des chanteurs.
Est-ce que ce métier vous plaît ? Oui, il me plaît beaucoup sinon j’aurais déjà changé de métier.

Interview du SCAPHANDRIER réalisé par Karim et Damiano
Pouvez-vous nous décrire votre métier ?
Nous faisons tous les travaux qui se passent sous l’eau, remettre des ancrages, couler du béton, nettoyer le fond du lac.
Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?
Environ 4 ans.
Quelle est votre formation ?
Il faut avoir tous ses brevets de plongée, puis il faut faire 4-5-mois d’école. En Suisse, je ne sais pas s’il y a des écoles mais en France, il y a 3- 4 écoles.
Qu’avez-vous vu comme animaux dans le port ?
Toute sorte de poissons du lac comme les brochets, les perches mais comme on fait du bruit, ils ne viennent pas trop près de nous.
Qu’avez-vous trouvé de plus bizarre lors de vos plongées ?
On trouve énormément de déchets plastiques.
Est-ce plus facile de travailler avec un scaphandre ou un masque et la combinaison ?
C’est plus facile avec le casque car nous sommes gérés depuis la surface. Quelqu’un veille sur nous. Il nous donne de l’air, il peut nous parler et on peut même avoir des images vidéo. Par contre, le casque pèse environ 15 kilos.
Quand on travaille avec le masque et les bouteilles, nous sommes seuls et en autonomie. Pour demander des informations ou en donner, nous devons toujours remonter à la surface. Quand on travaille avec des machines, nous utilisons le scaphandre pour des questions de sécurité.
Y a -t-il eu des accidents lors de vos plongées (oxygène, bateau)?
Non, car il y a toujours quelqu’un en surface pour signaler qu’il y a un plongeur dessous, donc les bateaux ne passent pas. Nous avons aussi un pavillon qui signale qu’il y a un plongeur sous l’eau.
Avec l’oxygène, il y a toujours une bouteille de secours prête en cas de problème.
A quelle profondeur êtes-vous descendu le plus profond ?
On a le droit de descendre jusqu’à 60 mètres. Après, ce sont d’autres personnes qui interviennent plus profond.
Qu’est-ce que vous faites comme types de travaux sous l’eau ?
C’est varié. On peut faire de la construction, couler du béton, faire passer des tuyaux sous l’eau. Dans le port de Port-Choiseul, on est en train de refaire les amarrages pour accrocher les bateaux. On accroche les chaînes avec des manilles et elles sont fixées sur des corps-mort. Ce sont des blocs de béton.
Quand on fait du béton, il ne coule pas partout car il est plus lourd que l’eau. On fait des coffrages et on coule le béton dedans. Après, avec la pression de l’eau, le béton reste au fond.

Travaillez-vous aussi à l’étranger ?
Non, nous n’avons que des chantiers sur le lac Léman pour le moment.
Est-ce que vous êtes votre propre patron ?
Non, on fait partie de l’entreprise Orllati qui vient du canton de Vaud. Nous sommes environ 1000 personnes mais nous faisons partie du département lacustre avec les scaphandriers.

La CLI d'Ami-Argand

auteur : rédacteur occasionnel

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