Sona IGITYAN au piano
Sona IGITYAN
Brigitte Siddiqui et Sona Igityan
16.04.2022 par LR
num.318 mai 2022 p.15
Concert classique aux Caves – Un dimanche d’exception !

L’artiste au merveilleux talent Sona IGITYAN d’origine arménienne nous offrit dans cette heure musicale du 10 avril 2022 à 17h00, un récital de piano consacré aux compositeurs du 20ème siècle.
Cinq préludes de Serguei Rachmaninov (1873-1943), op. 3 – 23 – 32, nous mirent tout de suite dans l’ambiance. Alternant les mouvements dans les tonalités mineures, suivant le morceau, variant les nuances, on sentait chez cette virtuose une maîtrise parfaite de l’œuvre et une interprétation puissante, subtile et judicieuse, alliant à la fois charme, harmonie et délicatesse. Le piano ne faisait qu’un avec elle.
Avec le compositeur Raffaele D’Alessandro (1911-1959) né à St-Gall d’une mère suisse et d’un père italien, c’est aussi un monde nouveau que l’on découvrait dans les « Quatre visions pour piano » : Rêveur, Fantasque, Somnambulique et Cocasse. Autant dire que chaque pièce joliment interprétée reflétait le caractère de ce qu’elle représentait. Méconnu, ce compositeur qui a fini sa vie à Lausanne en 1959 et quelque peu oublié, mérite que sa musique soit remise à l’honneur. Dans les différents rythmes, on l’apprécia beaucoup.
Il n’en demeura pas moins que le compositeur arménien Arno Babadjanian (1921-1983) figurait dans le programme faisant découvrir au public un ressortissant de sa patrie natale. « Six images » courtes : Improvisation, la Populaire, Toccatina, Intermezzo, Choral, Danse de Sassoun, petites œuvres s’inspirant de la musique populaire et des chansons de son pays. Toutes les octaves du piano sont mises à contribution laissant au passage dans une parfaite technicité des notes envolées, saccadées, tournoyant au gré d’une danse, d’une chanson triste ou légère ou d’un saut à cloche-pied d’un extrême à l’autre, avec toutes les nuances à la clé. Musique aux mille visages, reflet peut-être de tribulations du peuple arménien. Cela s’est ressenti aussi dans les « Quatre pièces » qui ont suivi : Prélude, Danse du Vagharshapat, Impromptu, Capriccio, un aperçu haut en couleur où tous les sentiments se bousculent et s’extériorisent dans un jeu riche, vigoureux, dynamique non dénué d’harmonies fluides et agréables.
Dans les « Trois préludes » : Allegro, Andante, Allegro ben ritmato a deciso, de George Gershwin (1898-1937) c’est tout un autre style que l’on a pu écouter avec ravissement. Tantôt rêveur, tantôt joyeux, tantôt mélancolique ou très rythmé, cette musique flamboyante, surtout dans le dernier mouvement, nous épata pleinement, tant l’artiste y mettait toute son énergie.
Comme toujours, le succès est au rendez-vous et cette virtuose géniale qui a une prédilection pour la musique contemporaine a su nous rendre cette heure musicale attrayante et instructive. Bravo à elle et à Brigitte Siddiqui qui nous l’a faite découvrir ! Merci !
Lucette Robyr – Photos : JR
 

auteur : Lucette Robyr

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