28.04.2022 par AB
num.318 mai 2022 p.24
La BD coup de cœur du mois

Pigalle,1950 de Arroyo et Christin (collection Aire libre, Dupuis, 125 pages)

Antoine, dit « Toinou », décide de plaquer son Aubrac rural pour le Paris rutilant des années 1950. À 18 ans, il découvre avec stupéfaction les charmes de Pigalle, en particulier ceux des danseuses du cabaret « La Lune Bleue », dans lequel il va travailler. Pris sous l'aile du patron, « le Beau Beb », il va ainsi faire la rencontre de personnages hauts en couleur tels que « Pare-brise », le comptable, « Poing-barre », le videur, ou encore Mireille, la vendeuse de cigarettes... Mais à trop fréquenter le monde de la nuit, le naïf jeune homme va vite se retrouver plongé dans de sombres histoires de grand banditisme, dont la violence va profondément changer son existence...
Pierre Christin, auteur du scénario, est né dans la banlieue parisienne et avait 12 ans au moment où débute cette histoire. Cet auteur est surtout connu pour sa série « Valérian » créée avec le regretté Jean Claude Mézières, qui vient de disparaître en janvier de cette année, mais il est aussi l’auteur d’une soixantaine d’albums dessinés par Jijé, Tardi, Goetzinger, Bilal, Boucq, Juillard, Aymond, Ceppi, Vern et bien d’autres. Par ailleurs, Jean-Michel Arroyo (1971), le dessinateur, s’est fait connaître par une reprise assez réussie de la série « Buck Danny » avec une charte graphique proche du style de Victor Hubinon.
Ce couple nous livre au final avec ce « one-shot » un polar aux couleurs sépia un peu similaire au dernier Marini, « Noir Burlesque », chez Dargaud mais avec les ambiances d’un Paris des années 50. On y trouve des références aux films noirs de Becker ou de Melville. La documentation iconographique est dense et nous plonge sans autre dans ce Paris en pleine reconstruction et d’industrialisation d’après-guerre avec l’emploi de l’argot de l’époque. On sent que Christin - en bon parigot - s’est fait plaisir à se replonger dans ces ambiances de son enfance qu’Arroyo retranscrits à merveille. Christin a livré à Arroyo un scénario comportant juste les dialogues et les ambiances, un peu comme un synopsis de film. Arroyo a pu faire lui-même le découpage ce qui lui a laissé une grande marge de liberté. Son style de dessin très classique colle bien avec l’univers de Christin et le résultat est très réussi. Tout cela semble de bon augure pour que ces deux auteurs nous livre encore d’autres albums passionnants.

auteur : Alexis Berset

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