Adalberto Riva au piano
Adalberto "Conférencier"
Brigitte Siddiqui et Adalberto Riva
12.05.2022 par LR
num.319 juin 2022 p.19
Concert classique aux Caves

Une fois n’est pas coutume ! Et pourtant, assister à un concert-conférence donné par Adalberto Maria Riva est un régal dont on ne s’en lasse pas. C’est un plaisir de l’écouter dans un style décontracté, plein d’humour et une présentation exceptionnelle dans les différents types d’adaptation de la musique classique.
A vrai dire dans cette première partie, ce fut des extraits de pièces des grands compositeurs du 17e-18e et 19e siècle. Musiques savantes de l’époque qui parlaient par elles-mêmes.
L’entrée en matière fut l’hymne anglais dont la musique d’alors de J. Haydn puis de Haendel servit aussi bien aux Autrichiens qu’aux Allemands, variant ainsi au cours des siècles.
On constata aussi dans la deuxième partie que toute cette musique classique sert aussi le cinéma. Souvenez-vous du film « Beethoven », un thème de la 5e symphonie de Beethoven est repris.
C’est souvent sur des musiques populaires que s’inspiraient les compositeurs classiques.
Même avec des passages repris çà et là des différentes œuvres, Adalberto sait nous émouvoir en prenant par exemple le fameux air célèbre de Carmen de Bizet qui sert au marketing.
« La musique nous enveloppe avec sa passionnata livrée avec sa force et son âme » (A.R.)
La « marche turque » de Mozart, interprétée avec légèreté, gaieté, puissance et délicatesse est souvent utilisée aussi bien dans notre quotidien que dans les grandes circonstances. Il y a des moments divins où Adalberto nous mène avec aisance tant est sublime l’expression et la sensibilité vibrant dans ce qu’il joue.
Ne cherchez pas trop loin. Le conférencier nous met à l’évidence dans cette troisième partie que la musique classique sert aussi bien la publicité que la sonnerie du téléphone ou des moments d’attente. En fait, on la retrouve partout.
Dans le « Clair de lune » de Debussy, c’est une recherche dans la construction de l’œuvre aux harmonies vives, aiguës, sonorités riches nous laissant entrevoir le flux et le reflux d’une rivière. L’imagination, en l’écoutant, fait le reste, la technique étant le maître mot.
Pour le dernier chapitre consacré à la musique d’église, l’Ave Maria de Schubert ou de Gounod est issu d’une musique populaire, les gens chantaient par cœur. Ce fut d’abord l’écoute des méditations sur le Clavier bien tempéré de J.S. Bach, qui peu à peu, grâce à un enchaînement des accords, une structure intelligible, une harmonie de base – toujours d’actualité – que cette œuvre prit un bel essor dans sa magnificence, et son thème d’imploration, de méditation, sensibilité et ferveur.
Pour clore cette heure musicale magnifique, Adalberto nous joua le Polonaise n° 53 de Chopin, exprimant ainsi tout son art polonais, mais aussi l’héroïsme, l’exubérance, la danse, le folklore, la joie de vivre, tout en étant parfois discret. La guerre a passé par là, mais le cri de l’âme polonaise se fait sentir et dans ces nuances hautes en couleurs, l’œuvre se magnifie. Comme le relève Schumann « ce sont les canons cachés sous les fleurs » en écoutant la Polonaise. La musique habite l’interprète et dans les bis ce sont des bouquets de fleurs jaillissant de lumière que Adalberto nous a laissé dans ce merveilleux concert-conférence clôturant la saison. Bravo à lui et merci pour ce bonheur.
Lucette Robyr

Photos : BS JR
 

auteur : Lucette Robyr

<< retour