13.05.2022 par ALBB
num.319 juin 2022 p.03
Jardin de la Bécassine : un projet collaboratif ouvert au public

L'embouchure de la Versoix est un parc public précieux dans les coeurs des habitants de la région, toutes générations confondues. Sa plage, sa vue, l'espace agréable à disposition, un lieu de rencontre durant toutes les saisons.

Cette immense propriété fait intégralement partie de l'histoire de la région. En effet, Versoix a été le dernier territoire à avoir rejoint la Suisse en 1816 pour permettre au canton de Genève d'avoir un lien terrestre avec le reste du pays. Un des principaux négociateurs pour Genève était Charles Pictet de Rochemont. Non seulement il s'est battu afin d'obtenir cette continuité géographique, mais il a également acquis des terres pour en permettre l'application, dont Malagny, ce domaine immense situé à Genthod dont faisait partie la parcelle de la Bécassine.

Aujourd'hui, cette propriété appartient à l'Etat de Genève. Fin 2020, une poignée de passionnés a obtenu l'usage de 5'000 m2 près de l'entrée à droite en entrant en proposant un projet alliant histoire et culture bio locale. Durant leur labeur, ils ont découvert des secrets qui avaient été cachés par la nature ayant envahi l'espace. Par exemple, un grand bassin rond qui vraisemblablement était alimenté par la Versoix toute proche. De l'eau pour le jardin bien sûr, mais aussi peut-être une fontaine décorative. En effet, l'influence des grands jardins français tels que Versailles était importante à l'époque...

Une chose est sûre, la qualité de la terre est particulièrement bonne. Charles Pictet de Rochemont a probablement appliqué les meilleures méthodes connues à l'époque pour l'améliorer puisqu'il était passionné d'agriculture et d'élevage. Autre exemple : des arbres étaient plantés près des murs, ce qui permettait d'avoir plus de chaleur, donc leurs fruits étaient plus grands.

Le but de l'association du Jardin de la Bécassine est d'accueillir le public et le sensibiliser à la richesse de la nature, lui donner envie de l'aimer et la respecter. La parcelle est accessible par des cheminements qui permettent de découvrir des arbres fruitiers ou arbrisseaux. Des saules sont en train de pousser en cercle pour créer des lieux de discussions ombragés.

Grâce à un financement de la Loterie Romande, il a été possible d'acquérir une centaine d'arbres à hautes tiges de Pro Specia Rara, Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et animaux. De nombreuses espèces indigènes ont été abandonnées durant le 20ème siècle au profit d'autres plus productives. Pourtant, celles d'origine sont adaptées à notre climat et nos terres, sans compter que leurs goûts sont variés. A noter que l'Etat de Genève a planté simultanément des arbres dans le pré d'à côté provenant du même pépiniériste. Une démarche collaborative !

Une récupération d'eau de pluie est en place. Des apiculteurs ont installé des ruches. Des nichoirs ont été posés dans les arbres. La gestion de la parcelle est pensée de façon à ce que la vie y soit naturelle et prospère. L'herbe n'est pas coupée pour permettre aux fleurs de s'épanouir pour le plus grand bien des abeilles et autres insectes si importants pour la biodiversité.

Tous les jours, quelques membres du Jardin de la Bécassine sont sur place pour avancer les travaux. Ils reçoivent le public avec plaisir et répondent volontiers aux questions qui leur sont posées. S'agissant d'un projet collaboratif, les intéressés peuvent s'annoncer sur place.

 Photos : Anne Lise Berger-Bapst

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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