26.08.2022 par ALBB
num.321 septembre 2022 p.05
Grosse déception : plus de fête des Traîne-Matin

Depuis 1976, le rendez-vous de la rentrée versoisien était la fête des Traîne-Matin, association de pêcheurs amateurs fondée en 1975. Jusqu'en 1984, les filets de perches étaient servis autour de la buvette de Port-Choiseul. Puis l'événement s'est déplacé du côté du CNV. Dans les plus belles années, 1'000 couverts étaient servis le samedi soir, sans compter les repas de midi ! L'attente était peut-être longue, mais qu'importe ! On babolait avec les autres dans la queue et le temps passait vite...

Commençons cet article en remerciant les Traîne-Matin et leurs proches d'avoir fidèlement mené la barque si longtemps. Peu d'habitants se rendent comptent de l'énorme engagement que demande une telle bastringue : le travail en amont, tant administratif que pratique, est colossal, sans compter les rangements après !

C'est aussi l'occasion de souligner l'aide que la Ville de Versoix, tous services confondus, offre aux associations locales : matériel, locaux, communication sans lesquels il serait impossible de mettre sur pied de tels événements. Les responsables des sociétés locales se sentent soutenus de ce côté-là.

Au début, les profits de la fête étaient dédiés au rempoissonnement. Avec leurs bénéfices, les Traîne-Matin allaient acheter dans des piscicultures des truites, brochets, ombles chevaliers ou perches, pour augmenter leur population dans le lac. Les règles étaient pleines de bon sens : il fallait que les poissons relâchés dans les eaux proviennent du bassin versant.

Puis, un jour, il a été décidé que, désormais, seuls les organes étatiques pourraient effectuer les rempoissonnements. Les Traîne-Matin auraient dû verser leur bénéfice au service dédié s'ils désiraient continuer leur action. Ce n'était pas du tout dans l'esprit de l'association. Alors, elle a investi dans son local obtenu en 1998 et le matériel indispensable pour assurer la fête. Les membres étaient récompensés par un repas ou une excursion. Un bon moment de convivialité pour souder l'équipe !

Le covid est passé par là. L'équipe n'a pas rajeuni, certains membres sont même décédés. Malgré tout, l'envie d'organiser la fête subsistait. C'était sans compter sur une nouvelle décision étatique absconse. L'esplanade sur laquelle l'événement avait lieu, gracieusement mise à disposition depuis 1984, a subitement été facturée 12'000.- ! Inutile de dire que cette somme astronomique dépasse le bénéfice de deux semaines de travail bénévole. On aurait voulu tuer ce rendez-vous qu'on ne s'y serait pas pris autrement.

Mais qui donc a fixé un tel prix ? Comment le justifier pour un terrain, fut-il au bord du lac, le temps d'un weekend ? Le coeur lourd, les Traîne-Matin se sont résignés à annuler la fête. Il y a peu de chance qu'elle ait à nouveau lieu.

Cet holdup prive les Versoisiens d'un événement convivial qu'ils appréciaient. Il est probable qu'ailleurs dans le canton, d'autres responsables doivent renoncer à des moments tout aussi primordiaux pour des raisons similaires. Les bénévoles ne courent déjà pas les rues, il faudrait les aider plutôt que les décourager avec de telles décisions "officielles".

Ces émoluments démentiels sont inadmissibles ! Il ne subsistera bientôt plus que des événements officiels ou commerciaux. Il est urgent de réagir si l'on veut préserver la richesse inestimable que les associations offrent à la population lors de leurs fêtes. Notre société n'est pas financière, mais humaine. Revenons à cet essentiel avant qu'il ne soit trop tard.

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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