11.09.2022 par SSP
num.322 octobre 2022 p.05
Samedi 3 septembre, une journée ensemble

C'est avec la fraîcheur des orages et de la pluie que les associations avaient monté leurs stands ce samedi 3 septembre. Mais le soulagement de la sécheresse, pour le coup, inquiétait les exposants : le public viendrait-il tout de même ? Les efforts consentis tout l'été aboutiraient-ils à ces rencontres tant espérées pour faire connaître l'importance et la valeur de l'engagement associatif à Versoix comme ailleurs ?
Les heures avançant les familles sont arrivées en bottes de pluie, puis sont revenues avec le soleil et en baskets, et sont restées jusqu'à la fin de la manifestation. L'offre était très riche pour les enfants en terme de jeux, et pour les adultes en termes d’échange et de propositions stimulantes. Les visiteurs pouvaient même se restaurer à divers stands. Tout pour nous renforcer dans ces liens qui font de nous une société. A l'intérieur : Supernounou, les Flots bleus, la Villa YOYO, les Chauffeurs Bénévoles, l'association des Habitants de Montfleury, l'association des loisirs de la Pelotière et Versoix égalité. A l'extérieur, La ludothèque, l'APEV, l'APECO, Le RADO, les scouts, la Paroisse Protestante et l'Eglise Evangélique de Versoix, les Travailleurs Sociaux Hors Murs, la Croix Rouge, ainsi que la nouvelle association La Bambousière. Chaque association proposait un éventail de ce qu'est son action quotidienne, à savoir le contact avec la population, la création commune de projets, d'objets, de moments de vie partagés où l'investissement en temps est compensé par l'accomplissement de besoins universels comme la réalisation de soi et la contribution.

Plusieurs associations de la commune s'étaient manifestées depuis longtemps auprès des autorités pour que celles-ci les aident à mettre en valeur leur action solidaire. Si d'un côté les édiles ont exaucé leurs vœux en leur proposant une journée de manifestation, d’un autre côté de plus en plus de petites associations paient le prix fort de la politique d’exigence de professionnalisation de la gestion de la solidarité (voir numéro 321, article sur les Traîne-Matin). Une association est presque conçue comme une sorte de prestataire de service, avec laquelle la commune entretient des relations standardisées, par exemple pour la mise à disposition de locaux. Et ce qui autrefois allait de soi devient maintenant une faveur, à l’heure de la rentabilité. Incompréhension des bénévoles, dont le temps mis gracieusement à disposition en faveur de la société a été chiffré lui aussi par Madame Doris Leuthard le 5 décembre 2017, alors présidente de la Confédération.

Citons-la ici : "Quatre personnes sur dix font du bénévolat dans notre pays. Ce sont 700 millions d'heures de travail non rémunérées qui sont effectuées chaque année. Si chaque heure était rémunérée à hauteur de 50 francs, cela représenterait un montant de 35 milliards de francs. Une somme considérable - un grand engagement que nous ne pourrions jamais compenser avec de l'argent ! L'État ne peut se passer de ces personnes qui s’engagent bénévolement pour la société. Il peut certes organiser et fixer des règles. Mais il ne peut pas imposer la cohésion, le « ciment social »".
Ainsi, on voudrait que l’on entende le coût de la mise à disposition, le coût du travail d’organisation, de mise en valeur par affichage et caetera, oubliant que tout ceci était avant compris comme un dû à la société. Car au final la richesse produite par le travail social n’est presque jamais évaluée, et encore moins reconnue par des milieux économiques qui connaissent le coût de chaque chose, mais ignorent la valeur de nombre d'entre elles.
A combien chiffrera-t-on ce moment si important de partage autour de jeux collaboratifs et non compétitifs apportés par la ludothèque et l’APEV. Quelle valeur accordera-t-on à ces échanges si constructifs, à ces lumières allumées dans l’esprit de ceux qui ont découvert ce jour la possibilité d’aider un grand nombre en apportant une heure de leur temps dans un futur proche. A l’heure du retour de difficultés majeures, la solidarité prend de l’importance justement parce qu’elle constitue depuis toujours un circuit parallèle et distinct de celui des contingences économico-commerciales. Laisser s'aligner la solidarité associative avec le système économique, n’est-ce pas un aveuglement et un message contradictoire pour les jeunes ? Si vraiment rien n’est jamais gratuit, s'il n'est de valeur que pécuniaire, à quoi bon croire au partage et s’y engager ?

auteur : Sarah Schmid-Perez

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