Papéterie de la Bâtie avant 1906 -©patrimoine Vx
20.02.2023 par ALBB
num.326 mars 2023 p.08
Le mieux, c’est l’ennemi du bien

Depuis des siècles, la Versoix a été l’origine de la richesse de notre région qui s’est développée grâce à la force de l’eau : moulins, manufactures, papeteries, sans cette puissance hydraulique, ces entreprises ne se seraient pas installées ici, la vie humaine aurait été difficile. Une rivière, c’est un biotope, une source de vie et d’énergie qu’il faut respecter.

La Suisse se doit de trouver des sources d’énergie locales pour ne plus dépendre d’autres pays. La guerre en Ukraine a brutalement ouvert nos yeux l’an dernier lorsqu’il était question de restrictions, preuve que des solutions locales et durables doivent absolument être mise en œuvre très rapidement. Dans ce contexte, la décision du Conseil d’État de ne pas renouveler les concessions aux deux usines hydroélectriques de la Versoix semble totalement anachronique et illogique.

Les pêcheurs qui se sont exprimés lors de la soirée ont raison : la diminution des poissons est réelle. Toutefois, elle n’est pas principalement due à deux petites usines installées le long du cours d’eau, mais surtout à la pollution qui empoisonne nos eaux.

En ce moment même, au Muséum de Genève, une exposition décortique les dessous de la pollution du Léman dans lequel 55 tonnes de plastique sont jetées chaque année. Le 15 août 2019, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a publié un rapport alarmant quant à la qualité des eaux souterraines qui sont affectées par les nitrates et les résidus de produits phytosanitaires. Cette étude faite grâce à 600 stations réparties dans le pays montre que les valeurs limite sont dépassées dans 15% des cas. Depuis, plusieurs communes suisses ont dû fermer leur source de distribution d’eau parce que déclarées impropres à la consommation.

Évidemment, ces nuisances dégradent les biotopes des rivières, dont celui de la Versoix, puisque leurs sources sont empoisonnées. Pour sauver nos cours d’eau, l’effort doit être l’éradication de la pollution. Nous sommes tous responsables. Évitons d’éparpiller nos déchets n’importe où, à commencer par les mégots jetés machinalement. L’agriculture a déjà bien évolué, nul doute que des progrès restent à faire. L’industrie, les transports, la mobilisation doit être totale, tous domaines confondus, pour que les eaux souterraines retrouvent leur qualité. Indispensable : nous la buvons !

Démanteler deux petites usines ne suffira pas pour garantir le retour des poissons. Il s’agit d’une solution de facilité, pour se donner bonne conscience. Une fausse bonne idée. D’ailleurs, si les barrages étaient si nuisibles, il faudrait aussi démonter ceux du Seujet de Verbois qui empêchent le passage des truites et ombles de manière bien plus efficace…

Nos besoins énergétiques justifient ces barrages qui produisent une électricité locale et durable. L’eau est l’une des seules richesses naturelles de notre région. Les mesures telles qu’échelles à poissons sont obligatoires. Leurs normes ne cessent d’être améliorées, vu le perfectionnisme si typiquement suisse. Ne renonçons pas à une source d’énergie vitale à notre canton. Dans la rivière de l’énergie indispensable à la bonne marche de notre pays, chaque goutte d’eau compte !

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

<< retour