22.02.2023 par ro
num.326 mars 2023 p.01
Edito : A contre-courant

A contre-courant
Non, je ne suis pas celle de Schubert, je viens du Léman, mon bassin à moi. Pour me reproduire, je dois trouver une rivière, la remonter, lutter contre le courant, trouver une zone de fraie où déposer mes œufs avant de repartir pour de nouvelles aventures.
Ça, c’est le scénario idéal, le Graal de la truite.
Mais voilà, et c’est là que mes nageoires se blessent, il y a du côté de ma rivière préférée, la Versoix, une usine électrique. Pas très importante, juste de quoi alimenter quelques ménages riverains, mais suffisamment gênante pour ma remontée du courant. Il y a bien une échelle, mais que c’est difficile ! Et ai-je le choix ?
Notez que je dois, et c’est le plus perturbant car récurrent, lutter, question de survie, contre les pesticides qui polluent l’eau dans laquelle je vis avec mes autres amis du lac et des rivières. Je dois également me méfier de ces gastronomes à bottes longues qui tentent de me harponner, souvent maladroitement, et je ris sous mes ouïes, afin de me glisser dans leur besace. Et je ne parle pas de ces détritus, jetés négligemment, que je prends parfois pour de la nourriture, que j’avale, qui m’étouffent et qui jalonnent mon parcours tout au long de ma vie.
Ne cherchez donc pas plus longtemps les raisons pour lesquelles je me fais de plus en plus rare !
La petite usine de Richelien n’est vraiment pas le plus gros de mes problèmes.

La truite

auteur : rédacteur occasionnel

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