Nicolas Comi et Brigitte Siddiqui aux Caves de Versoix
Nicolas Comi en concert aux Caves
Nicolas Comi, en concert aux Caves
15.01.2024 par LR
num.335 février 2024 p.24
Concert classique : un prodige !

« Quand la valeur n’attend pas le nombre des années », cette maxime fut un exemple vivant lors du concert classique mensuel du dimanche soir aux Caves de Bon séjour. Vous l’aurez deviné, en écoutant Nicolas Comi notre jeune pianiste (18 ans), élève à la HEM de Genève, virtuose de par l’interprétation impeccable des œuvres qu’il nous a brièvement présentées, ce dimanche 14 janvier 2024.
De la sonate « Au Clair de Lune » op 27 n°2 de L.W. Beethoven (1790-1827) précurseur du romantisme allemand, à F. Chopin (1810-1849) polonais romantique, qui composa « Fantaisie Impromptu op. 66 n° 4, en passant par R. Schumann (1810-1856) dans ces « Etudes symphoniques », le talent et la capacité merveilleuse de jouer sans partition, nous a éblouis tout au long de ce concert.
Le romantisme avait sa part belle durant l’interprétation surtout de Beethoven et Chopin. Le rêve, le charme, les nuances, la douceur, la sensibilité qui se découvrent à chaque mouvement font renaître en nous des images, des émotions, qui suscitent une vie nouvelle de fraîcheur, de candeur, mais aussi de la joie, de la danse, des chansons, les couleurs, les ombres et les lumières de la nature. C’est avec finesse et délicatesse, mais avec beaucoup d’agilité, de technicité, d’habileté remarquable, que l’artiste nous laisse paraître la musique qui vit en lui.
Dans les Etudes Symphoniques de R. Schumann c’est un autre style, très spontané, tantôt lyrique, tantôt romantique, aux tonalités plus recherchées, plus étudiées. Les sonorités sont vives, intenses, chantantes par moment, et les harmonies sublimées par les nuances façonnées par l’artiste. Autant on peut écouter des variations saccadées (2è mouvement) telle une marionnette puissante au bout de ses fils, autant le jeu subtil sur les aigus dans une enfilade de notes chantantes voire plus graves, laisse entrevoir des séquences pleines de tendresse et expressives. Les différents tempos au cours de l’interprétation de chaque étude nous livrent à la fois la puissance, les vibrations fortissimo, des passages époustouflants de virtuosité, mais aussi des suites agréables à entendre empreintes de douceur, de calme, d’harmonies souples et mélodieuses. Quelles étonnantes capacités d’interprétation qui nous fait aimer Schumann !
Chopin ne nous laisse pas indifférent dans cette « Fantaisie Impromptu » où la nostalgie, la mélancolie, un romantisme plus passionné nous plongent dans une réflexion intérieure calquée sur une mélodie qui revient comme une berceuse, l’atmosphère d’une tonicité sous-jacente. Nicolas Comi sent, comme une osmose entre lui et le compositeur, tout ce que l’œuvre décèle d’intériorité et de sentiments décrits à travers l’écriture musicale. Un vrai régal !
Avec un plaisir non dissimulé, on écouta l’une de ses propres compositions aux influences classiques, illuminées de délicates harmonies sur les dernières notes aigues du piano descendant en cavalcades sur le clavier. Intéressant cheminement qui nous entraîne vers le rêve.
Dans un Bis éblouissant, on s’amuse sur des rythmes très légers, très dansants et joyeux. Beaucoup de rapidité dans ses éclats de sonorités riches de fantaisie, d’harmonies subtiles, de gaieté qui nous dynamise.
Un prodige de cette envergure laisse présager une brillante carrière. Très fortement applaudi et félicité après ce merveilleux concert, nous souhaitons à Nicolas le meilleur dans ces heures de bonheur et le plaisir de le revoir à Versoix.
Merci tout spécial à Brigitte, notre programmatrice, de nous avoir présenté cet artiste peu commun.
Lucette Robyr
Photo Comi, JR
 

auteur : Lucette Robyr

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