14.02.2024 par MAF
num.336 mars 2024 p.05
Cambriolages à Versoix : mise au point

Lorsqu’un cambriolage survient, c’est toujours un bouleversement. Dans cet article nous nous intéresserons à la situation de Versoix.

Définitions :

Tout d’abord, il est intéressant de noter que le terme « cambriolage », couramment employé, n’est pas une dénomination retenue par la loi. Les termes juridiques appropriés sont « vol », « violation de domicile » ou « dommage à la propriété » respectivement selon les articles 139, 186 et 144 du Code pénal suisse.

Dans un second temps, il convient de différencier les vols par introduction clandestine - c’est-à-dire que le voleur s’introduit par une fenêtre ou une porte qui ne sont pas verrouillées - des vols par effraction, lorsque les portes ou les fenêtres fermées sont forcées.

Chiffres :

La Lieutenante Aline Dard, chargée de communication en prévention et porte-parole de la Police du Canton de Genève, explique qu’environ 60% des vols touchent les habitations privées. Pour le reste, il peut s'agir de locaux commerciaux, d’entrepôts, ou de restaurants. Parmi les habitations, elle indique que 80% d’entre elles sont des immeubles locatifs contre 20% de maisons individuelles.

A Versoix, les cambriolages sont en baisse depuis quelques années. En 2021, la Police cantonale y recense 72 vols par effraction contre 49 en 2022 . Cette courbe diminue encore en 2023, d’après l’Appointée Özdemir de la Police municipale. Par ailleurs, elle ajoute que Versoix se situe dans le bas du classement de la statistique policière de la criminalité par commune dans le Canton de Genève. En revanche, toujours d’après les données de la Police cantonale, en 2022, seuls 5 vols par effraction (sur 49) ont été élucidés à Versoix.

Contacté à propos des suite judiciaires d’un cambriolage, Olivier Francey, le chargé de relation aux médias du Tribunal correctionnel de Genève, déclare que les peines encourues varient selon le type et la gravité du vol. Et en effet, à l’article 139 du Code pénal nous pouvons lire que les voleurs risquent (théoriquement) une peine pécuniaire ou une peine privative de liberté pouvant aller de six mois à dix ans selon le mode opératoire. Toutefois, il nous manque malheureusement des informations concernant les condamnations effectivement subies. Ce point pourrait d’ailleurs faire, le cas échéant, l’objet d’un prochain article.

Rencontre avec l’Appointée Özdemir de la Police municipale de Versoix :

Selon la policière, la diminution des cambriolages à Versoix s’explique principalement par le travail de prévention réalisé par la Police municipale. Même si elle admet que le risque zéro n’existe pas, elle souligne que les campagnes de sensibilisation sont particulièrement utiles.
La prévention à Versoix se fait par différentes voies. Il y a notamment la page internet de la Police municipale. Elle se trouve sur le site de la Ville de Versoix www.versoix.ch et comporte de nombreuses informations. Les campagnes de prévention, quant à elles, promeuvent des messages via un système de double affichage : sur les panneaux LED de notre commune, ainsi que sur de grandes affiches. En ce moment-même a lieu une campagne visant à prévenir les cambriolages. Elle a commencé le 15 février et durera entre trois et quatre semaines. L’Appointée Özdemir explique que la plupart des cambriolages ont lieu en fin de journée, ils sont appelés les « cambriolages du crépuscule ». Elle ajoute que la période de l’année durant laquelle on observe une hausse des cambriolages se situe entre les mois de septembre et de mars. Comme les journées sont courtes, il est plus facile de voir si les logements sont occupés. Les cambrioleurs privilégient les logements vides et les cas de rencontre avec ces derniers sont heureusement rares.
L’agente de police nous indique encore que la présence physique des patrouilles de police sur le terrain permet également de diminuer les risques. Elle encourage d’ailleurs la population de Versoix à appeler le 117 au moindre soupçon. Chaque renseignement peut être utile et permet de cibler les lieux suspects. Il n’y a pas de « faux appel ». Au moindre doute, il faut prendre son téléphone. Selon elle, il n’y a pas de quartier plus touché qu’un autre par les cambriolages à Versoix. En revanche, elle note que la zone au-dessus du canal est plus sensible parce que les habitations qui s’y trouvent sont moins visibles. Enfin, elle conclut qu’en 17 ans d’expérience au sein de la Police, elle n’a pas pu établir le profil type du cambrioleur. Étonnamment, il peut tout autant s’agir d’hommes que de femmes, de Suisses que d’étrangers, de personnes jeunes ou âgées, seules ou en groupe. Parfois même en couple !

Conseils pour prévenir les cambriolages :

L’Appointée Özdemir divise les moyens de protection en trois catégories : pour commencer, il y a la stratégie organisationnelle, consistant à simuler une présence. Elle encourage la population qui s’absente à mettre par exemple des chaussures sur le paillasson, à faire vider sa boîte aux lettres par les voisins et à brancher des lumières sur un minuteur automatique. En outre, elle conseille d’éviter de communiquer son absence sur les réseaux sociaux et exhorte les Versoisiens à systématiquement verrouiller leur porte, même lors de courtes absences, même s’ils se trouvent chez eux. Ensuite, elle invoque la stratégie mécanique, c’est-à-dire la pose de verrous ou de rosaces de sécurité pour protéger les serrures. En effet, l’outil le plus utilisé par les cambrioleurs n’est autre qu’un bon vieux tournevis qui sera vite inopérant face à de telles installations. Enfin, elle recommande la stratégie électronique c’est-à-dire l’installation d’une alarme.

Quoi qu’il en soit, la policière insiste sur l’importance de mettre ses valeurs dans des lieux sûrs. Un coffre par exemple, qu’il faut absolument sceller car les cambrioleurs n’aiment pas passer du temps à tenter de s’en emparer. Ils aiment aller vite, un cambriolage dure rarement plus de sept minutes. Pour terminer, elle fait savoir que s’il devait y avoir une rencontre avec un cambrioleur, il ne faut surtout pas essayer de le pourchasser. Elle invite à rapidement composer le 117.

Suite à un cambriolage :

Selon la Doctoresse Katia Schenkel, responsable de la commission Psychologie d’urgence de l’AGPsy (Association Genevoise des Psychologues), les cambriolages sont considérés comme des événements potentiellement traumatisants. Effectivement, les personnes lésées ont vécu une intrusion dans leur intimité.
Des individus inconnus et qui n’ont pas été invités dans leur « cocon » peuvent avoir vu des choses jusqu’alors gardées privées ou détruit des objets précieux. L’intensité du traumatisme dépend de la phase de vie dans laquelle se trouvent les victimes ainsi que du nombre de cambriolages déjà vécus. Parfois survient le cambriolage de trop, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les victimes de vols se sentent alors d’autant plus mal qu’elles ont parfois mis un certain nombre de choses en place qui n’ont pas eu l’effet protecteur escompté. Le sentiment d’impuissance est alors particulièrement délétère. D’autant plus pour les personnes présentes lorsque survient le cambriolage et qui n’ont pas pu agir et défendre leurs biens. L’impression que le monde est dangereux, qu’on n’est nulle part en sécurité s’intensifie souvent chez celles et ceux qui ont vécu un cambriolage. Se remettre du choc peut prendre un certain temps. Si l’émotion perdure, la Doctoresse insiste : il ne faut pas minimiser les choses et en parler à un professionnel de la santé mentale.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à aller consulter les brochures « A double tour ! » ainsi que « Cambriolage : et maintenant ? » que vous retrouverez sur la page de la Police municipale de Versoix sous la rubrique « cambriolages : préventions et conseils ».

auteur : Manon Frésard

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