08.03.2024 par DTT
num.337 avril 2024 p.12
Conseil municipal du 4 mars

Règlements de comptes à OK Versoix

L’ambiance est assez électrique. L’affaire Vigousse n’en finit plus d’échauffer les esprits. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, depuis sans doute bien longtemps, tant de Versoisiens et Vernoisiennes sont présents lors ce conseil municipal. Les gradins réservés au public n’offrent plus un seul siège de libre !

Car si cette fameuse affaire a connu son épilogue au niveau judiciaire avec l’acquittement du journaliste « coupable » d’avoir calomnié le secrétaire général de la mairie, il en est tout autrement de la partie politique. En effet, au travers d’une résolution, les Verts estiment que ce ne sont pas aux citoyens de la commune de payer les frais de justice et d’avocat pour une affaire opposant un haut-fonctionnaire à un journaliste. Dans leur texte, les écologistes souhaitent que la somme de quelque 250'000 francs, selon leur estimation, doit être intégralement remboursée par le secrétaire général.

Ras le bol

Pour l’élu du Centre, Daniel Ricci, cette histoire a assez duré. « On en a marre, s’exclame-t-il. Cette affaire est terminée, il est temps de dire stop ». L’élu précise encore que dorénavant sa formation ne s’exprimera plus à ce sujet. Mais comme le débat ne fait que commencer, les membres du Centre informent l’assemblée qu’ils quittent l’hémicycle. Une attitude qui ne refroidit en rien le Vert Stéphane Conus. « Nous estimons que cette décision de justice est un véritable camouflet, dit-il. C’est une gifle pour le secrétaire général et cela donne une image déplorable de notre commune. Nous devons maintenant savoir pourquoi la majorité du Conseil administratif a accepté de prendre en charge tous ces frais ! »

On rappellera ici que sur les trois membres du Conseil administratif, le centriste Cédric Lambert, la socialiste Ornella Enhas et la Verte Jolanka Tchamkerten, cette dernière s’était opposée à ses deux collègues.

Liberté bafouée

Son collègue de parti, Eric Tamone, enfonce le clou. « En attaquant un journaliste, on a bafoué la liberté de la presse, s’emballe-t-il. On a imposé le silence à des témoins et puisé dans les caisses publiques, on veut la vérité ». Pris à parti, le maire Cédric Lambert estime que la décision est de l’ordre de la responsabilité de l’employeur. « Je pense que cette discussion devrait se poursuivre au sein de la commission des finances », propose-t-il.

L’élu indépendant Jean-Marc Leiser rappelle que : « En 2023 notre Conseil municipal avait décidé de ne plus dépenser un centime pour ce type d’affaire. Je pense que le secrétaire général aurait dû avoir l’élégance d’arrêter les procédures ». « C’est si facile de vouloir enterrer l’affaire », renchérit la Verte Anne Chaudieu. Si son groupe a quitté l’hémicycle, l’élue du Centre, Elea Schmied, membre du Bureau, toujours présente, estime une nouvelle fois qu’il est temps d’arrêter. « Il s’agit des deniers publics », dit-elle. Pour le PLR Ricardo Lima, il est important de déterminer les responsabilités. Ce à quoi le maire Cédric Lambert rétorque une nouvelle fois que le Conseil administratif possède une marge de manœuvre et que ses compétences impliquent qu’il doit défendre ses employés.

Faire toute la lumière

« On ne peut pas tourner la page comme ça, conteste le PLR Alain Riat. A titre personnel, j’ai été appelé à témoigner et ce n’était pas facile. Il se passe des choses graves dans cette commune. Notre groupe soutient cette résolution et demande qu’elle soit envoyée en commission des finances, administration et économie pour faire toute la lumière ». Ce que contestent les deux socialistes Patrice Marro et Elodie Matias-Ramos. Pour le duo, poursuivre ce débat serait une perte de temps pour « cette pire législature depuis bien longtemps ».

Sans surprise, au moment du vote, la majorité du Conseil municipal, composée des Verts, du PLR et de l’indépendant, accepte cette résolution et décide de l’envoyer en commission des finances. Le PS s’y est opposé et les élus du Centre, absents, n’ont pas pris part au vote. Ces derniers, à leur retour, ont toutefois distribué un communiqué de presse indiquant notamment leur « lassitude des guéguerres internes qui agitent la classe politique versoisienne ».

Sachant que le sujet sera ainsi traité en commission, il apparait évident que le feuilleton est encore loin d’avoir trouvé sa conclusion.

Ajoutons encore que, comme le règlement le permet, en fin de séance, le public peut poser des questions. Et cela n’a pas manqué, plusieurs personnes présentes ont également fait part de leurs interrogations en souhaitant des réponses et de la transparence de la part des élus.

Amélioration en vue

Si la séance a été en grande partie consacrée à l’affaire Vigousse, le Conseil municipal a également débattu d’autres sujets moins polémiques. Parmi ceux-ci, le délibératif communal a notamment voté un crédit de CHF 2'950'000.— pour la rénovation et la remise aux normes des bâtiments de Port-Choiseul ainsi que la construction d’un bâtiment annexe.

auteur : Didier Tischler Taillard

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