Ce dimanche 29 septembre 2024, fut un peu particulier pour cette ouverture des concerts classiques de la saison 2024-2025.
Un mot de bienvenue de Laura Bonvin, déléguée à la Culture, successeure d’Olivier Delhoume, qui, en présence de Brigitte Siddiqui évoqua la gratitude qu’on doit à sa programmation hors pair, les magnifiques concerts auxquels on assiste avec plaisir, et enfin la programmation des prochains concerts pour le trimestre, spécialement le Festival International de la guitare au début novembre.
Puis elle nous présenta le Trio Con Piacere (Rohfei Tong Guignard au piano, Julien de Grandi au violon et Arthur Guignard au violoncelle) qui jouèrent deux œuvres pour Irfan qui fut trésorier de l’Association des Concerts classiques des dimanches ainsi que de différentes associations au sein de la commune.
Dans le « Trio al Ungarese hob XV:25 » de J. Haydn (compositeur autrichien 172-1809), les trois mouvements Andante, Poco Adagio et Rondo all’Ongarese Presto, les artistes reflètent toute la sensibilité et la musicalité de cette œuvre, exprimées avec beaucoup de nuances, de délicatesse (surtout pour le piano) s’unifiant dans les sonorités vibrantes, ou parfois plus graves, plus nostalgiques (Poco Adagio) puis repartant dans un rythme plus dansant aux accents espagnols.
Cette prestation merveilleuse par les trois artistes qui chacun ou ensemble exprimait toute leur profonde tendresse, laissant échapper enchantement, lueurs d’espérance, lumière et beauté de l’écriture musicale, conférait à cette interprétation magistrale, un sentiment d’émotion (surtout dans le contexte actuel) de respect, de silence. De quoi faire sortir quelques larmes ! Et ce n’est pas le final fougueux qui dira le contraire, tant cette œuvre était géniale dans son exécution fabuleuse.
Quant au 2ème morceau écrit par B. Smetana (compositeur tchèque 1824-1884) l’influence baroque se fait sentir dans ce Trio op. 15 en sol mineur, particulièrement dédié à Irfan Siddiqui.
Là aussi la pianiste joue avec douceur, élégance même, sans dominer les instruments à corde. Tantôt solistes, tantôt en duo, violon et violoncelle expriment en harmonie, force, expression plus nerveuse ou intense suivant les mouvements, mais toujours avec sensibilité. Même si la musique paraît plus moderne en style, elle dégage néanmoins une certaine vivacité, des notes plus saccadées, des expressions qui passent du crescendo au decrescendo, du grave à l’aigu, de la douceur à l’intensité, de la délicatesse à la saine gaieté.
Dans toute cette technicité professionnelle, on savourait le charme du piano, les mesures chantantes, les couleurs vives des sonorités qui se mariaient aisément avec la musicalité des cordes. Un vrai régal à savourer en plus dans un final prodigieux.
En bis, on écoute une œuvre de Piazzolla, « le Printemps », qui reflète l’éclat des bourgeons, dans un jeu à la fois vigoureux du piano et les notes plus graves des violon et violoncelle, illustrant peut-être le temps maussade. Le printemps c’est aussi l’éclat du soleil, et les mesures intenses d’allégresse pour les trois instruments, dans les accords vifs et saccadés nous amènent à l’apothéose. Belle heure musicale, riche d’un souvenir sensible et reconnaissant à Irfan et Brigitte.
Lucette Robyr