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10.10.2024 par PAD
num.344 déc.2024-janv.2025 p.12
A Genève, la mobilité équilibrée déraille de toutes parts !

 

A Versoix, après 4 ans de travaux de requalification, la route de Suisse a été inaugurée le 4 sept 2021.
Cette traversée de Versoix reste dangereuse sur certains tronçons, pour les cyclistes et les piétons toujours en attente d’une signalisation claire des pistes partagées. Depuis 3 ans, le Conseil municipal est intervenu avec une longue liste des problèmes auprès de l'Office cantonal des transports. A la rentrée de septembre, le marquage de cinq tronçons reste encore problématique ! Combien de temps faudra-t-il au canton pour sortir ses pinceaux ?

A Bellevue, la requalification de la route de Lausanne a commencé en janvier 2022, elle aura duré deux ans et demi. Inaugurée le 5 octobre dernier, sa mue semble plus satisfaisante. Mais lorsqu’un convoi exceptionnel se présente depuis Versoix, il doit changer de voie pour franchir, à contre-sens, le giratoire trop largement désaxé et surdimensionné, et l’on subit une longue interruption du trafic, dans les deux sens, y compris celle des bus ! Cette situation a-t-elle été prévue par les spécialistes de la mobilité ?

A Genthod, mis à 30 Km/h un tronçon de la route de Malagny est passé en mode « gymkhana » ou parcours du combattant pour les voitures et les TPG, en remplaçant les 6 bacs fleuris en béton par une vingtaine de poteaux métalliques d'un mètre de hauteur. Dangereux car peu visibles et générateurs de freinages intempestifs. Si l'on veut diminuer le trafic d'évitement sur Genthod, il faudrait désengorger la route de Suisse et l'autoroute (la votation récente en a décidé autrement) !

Parlons voitures et CO2
Cerise sur le gâteau en cette fin novembre : la réception des factures pour l'impôt 2025 !

Des augmentations jusqu'à 5 fois le montant précédent ! 500% ! La mienne a fait un bond de 858.- à 2'152.- (2,5 fois le montant précédent), soit une augmentation de 150%.

Pourquoi ?

Parce qu'une majorité de députés ont suivi en 2021 une poignée d'élus (ils étaient 7) proposant - dans la loi PL 12888, puis dans la loi D 3 05 comme contreprojet à l’initiative 178 - une taxation soit-disant climatique intitulée "Pour une imposition écoresponsable et équitable des véhicules motorisés". Quel euphémisme !
Cela paraît très louable, mais le calcul se fonde, non pas sur la quantité de CO2 réellement émise par un véhicule en une année, mais sur une grille d'émission par km selon le modèle de véhicule sans tenir compte du nombre de km parcourus.
La progression fumeuse du tarif (par gramme/km) ne reflète pas les quantités réelles rejetées dans l’atmosphère par année. C’est bien la quantité annuelle de carburant qui devrait être plus ou moins taxée et non le modèle du véhicule !

En ne tenant pas compte du kilométrage, le Canton de Genève pénalise lourdement ceux qui veulent favoriser davantage les transports publics en utilisant le moins possible leur voiture.

Selon la loi acceptée le 3 mars 2024,

  • Mme V. Wup, avec une petite cylindrée de 1000 cm3 consommant environ 5l/100km (correspondant à 120g/km), paiera en 2025 un impôt de 150.- .
  • Mme Aude Yesquset avec une cylindrée deux fois plus grande (2000cm3, env. 10l/100km, 240g/km) paiera 1'200.- soit 8 fois plus (au lieu de 2 fois plus).
  • La voiture de M. A. Serati consomme 15l/100km (360 g/km) paiera 4’440.- soit 30 fois plus (pour 3 fois plus de CO2 que Mme Wup).

Cherchez la logique !
Pour un chimiste, le carbone contenu dans 1 litre d’essence libère par combustion complète 2,28 kg de CO2.
D’autant plus que le barème reçu ne précise pas s’il est appliqué, comme les impôts, en cumulant les montants successifs de chaque tranche ou pas.
C'est le bouquet !
Cela met en cause la capacité d'analyse des élus qui ont voté les lois et celle des citoyens qui ont ratifié ces mesures trompeuses.

En conclusion, l'intention n'est pas de taxer la pollution mais d'obliger les gens à acheter des petites voitures récentes, sans tenir compte de l'énergie grise pour les construire et recycler les anciennes ou les vendre dans d'autres cantons ou continents ! En les exportant, elles continueront à polluer autant sinon plus que si elles terminaient leur vie ici.

Bonne nouvelle: les autorités cantonales promettent de revoir leur copie !
(En cette occasion, ils pourront supprimer la répétition de l’Art. 416, al. 4 dans l’Art. 418, al. 4 !).

N’hésitez pas à contester votre taxation si vous avez des doutes sur le calcul.

(Voir sur le site du journal).

auteur : Pierre Dupanloup

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