Dans notre dernier numéro, Christian Lüscher, le nouveau président du Conseil d'administration de l'aéroport de Genève, explique que, depuis chez lui sur la Rive Gauche, il peut parfois entendre le bruit des avions. Une insulte pour tous les habitants, assourdis tous les jours, par les arrivées bruyantes dès 6h.00 d'avions de fret, souvent construits au siècle dernier, et de la quasi-totalité de la flotte d'avions d'easyJet Switzerland, dont 80% n'appartiennent pas à la classe 5 la moins bruyante. Ce tapage dure jusqu’à minuit, voire après, vu les départs retardés ou programmés en fin de soirée, sans compter tous les vols retour d'easyJet Switzerland.
Christian Lüscher soutient manifestement easyJet, qui, selon lui, est censé se doter de nouveaux avions plus grands et plus silencieux. Il fait vraisemblablement référence à l'Airbus A321 NEO silencieux ( !) que d’autres compagnies aériennes européennes (British Airways, Turkish Airlines, Air Portugal et la compagnie à bas prix Wizz Air, par exemple) ont adopté. Toutefois, seulement 17% des vols easyJet sont de classe 5, dont 0,7% sont des A321 NEO. Les autres compagnies opèrent près de 30% des vols en classe 5 et Swiss, avec sa flotte de Bombardier, est la meilleure avec 90%.
Une autre statistique est intéressante. La plupart des compagnies a repris le 95% de leur trafic d’avant la crise covid. Certaines d’entre-elles, grâce à des avions plus grands, atteignent ce niveau, mais peuvent accueillir plus de passagers. easyJet, particulièrement sa filiale Switzerland, essaie de garantir 10 % de vols supplémentaires qu'auparavant, sans ajouter d’engin. C'est certainement l'une des raisons pour lesquelles il y a tant de problèmes de retards ou d'annulations, avec difficultés d’obtenir une compensation appropriée. Ces tristes réalités ont incité Le Temps d’intituler récemment un article "EasyJet fait de Genève le cancre de l'Europe".
Christian Lüscher reprend l'affirmation de l'aéroport " cette année 2024, contrairement à 2023, a vu le nombre de vols de nuit diminuer de quelque 40 % ". Ceci n'est vrai que pour les départs de vols de nuit, dont il n'y a eu que ( !) 776 de janvier à septembre, contre 1376 l'année dernière. Cela ne tient absolument pas compte des 6362 atterrissages nocturnes en 2024, soit huit fois que de départs et près de 10 % supplémentaires par rapport à 2023.
Peut-être que si Christian Lüscher, accompagné de Nathalie Fontanet et Gilles Rufenacht, acceptaient un débat avec les voisins de l'aéroport, dans une commune concernée, ils pourraient mieux comprendre les riverains. Ils auraient le même accueil que celui offert au précédent directeur de l'aéroport, André Schneider, qui a eu le courage d’affronter la foule à Genthod.
Il pourrait aussi visiter une maison à Vernier située sous la trajectoire des vols. L’occasion d’enregistrer le bruit réel sur un toit noir de résidus de kérosène et d’expliquer comment il va appliquer sa promesse de "limiter au maximum les nuisances sonores autour de Cointrin ».