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17.11.2024 par SSP
num.344 déc.2024-janv.2025 p.05
L'école et la part de l'autre

Quelle sécurité pour apprendre ?

Dans un monde complexe, l'humanité devient définissable. Tout comme le cerveau, autrefois mystérieux, aux fonctionnements incompris, et dont les errements étaient méprisés ou mystifiés, perçus comme proches de la magie ou des esprits, notre nature humaine échappe de plus en plus au mystère en même temps qu’à la grâce. Par exemple, à présent il est établi que l’apprentissage ne sera pas favorisé par la violence ou la contrainte, mais par la sécurité, celle-là même qui autorisera la prise de risque de la conscience de l’ignorance, ainsi que l’effort de transformation qui aboutira à un nouvel état de connaissance.

Aujourd’hui la tâche de l’école est bien complexe, entre ambitions des programmes et compensations sociales, les nostalgiques de l’époque révolue – toujours d’autant plus simple et claire qu’on n’en conserve que des fragments mémoriels – arrivent de tous bords avec de belles solutions éprouvées, qu’ils apportent dans de jolis pots, comme des sapins de Noël. Le souci c’est qu’il leur manque les racines, et que comme les sapins de l’Avent, elles risquent bien de ne pas passer l’année. Faut-il les mépriser pour autant ?

Disons qu’à l’école comme partout ailleurs, les bonnes recettes restent des bonnes recettes, à condition que les ingrédients et les ustensiles soient accessibles. Or, tout a beaucoup évolué ces dernières années. Méthodes, outils, cadres ont obligé les enseignants à s’adapter constamment pour suivre le mouvement. Ce ne sont pas eux qui fixent le tempo, ni la mesure, ni la danse, mais il s’agit bien de cela, et dans l’interaction - la danse - pédagogique, s’il y a apprentissage, c’est bien à cause du tissage. La part de l’autre, dans ce tissage est phénoménale : l’autre – enseignant, l’autre – élève, l’autre – camarade, l’autre – connaissance. La part de l’autre dans une école prend une part primordiale.

Et quelle est la part du même, me demanderez-vous ? Pour que l’autre puisse être reconnu, accueilli, il faut déjà se connaître soi, un minimum. Combien, pensez-vous ? A quelle part le même, le connu, le sécurisant doit-il exister pour que la part de l’autre puisse être appréhendée ? Vaste question que celle-ci, mais que ce soit pour les enseignants ou pour les élèves, elle est importante.

Something old, something new, something borrowed, something blue : quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose de prêté, quelque chose de bleu. Il y a du bon sens dans cette ancienne comptine anglaise qui énumére les objets – augures nécessaires pour un heureux mariage, et je l’étends volontiers à la pédagogie : un quart de continuité, un quart de nouveauté, un quart emprunté à d’autres et un quart d’inconnu, laissé à la rencontre avec ceux qui vivent l’apprentissage et doivent en profiter.

Un quart de bien connu et trois quarts du reste ? Voilà un ratio que l'on pourrait décliner à d'autres  aspect de la vie. Il n’a rien de scientifique, mais il peut nous inspirer : déjà par le passé, il suffisait pour continuer d’avancer.
 

auteur : Sarah Schmid-Perez

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