Ouverture de la pêche en rivière samedi 1er mars
La loi oblige de remettre à l’eau
les poissons de taille non réglementaire (même morts)
et interdit de relâcher les plus grands
sauf dans des cas bien précisGarder ou pas le poisson : une loi qui divise les pêcheurs !
Introduction
S’il est une activité qui fait écho à mon enfance, c’est bien la pêche. Mais alors, pourquoi ce sentiment, cette envie d’y aller, ce « virus » souvent qui ne nous quitte plus jusqu’à un âge avancé ? Attraper un poisson à la ligne provoque une série d'émotions intenses. On ne sait jamais ce qui se cache sous l'eau. Lorsque le poisson devient visible, l’excitation est souvent proportionnelle à sa taille.
Enfant, il y avait chez moi un sentiment de fierté. Cette manière de prouver mes compétences, que j’étais aussi bon que les autres. Adulte, ces sentiments n’ont pas totalement disparu mais vient s’ajouter le plaisir d’être dans la nature, en lien avec elle, loin des préoccupations de toutes sortes.
Enfin, il y a l’aspect culinaire. Le résultat est valorisé si vous avez comme moi, la chance d’avoir une épouse ou une maman qui sait bien apprêter le poisson.
Cette introduction un peu romanesque pour aborder une réflexion, certainement celle de beaucoup de pêcheurs, sur l’évolution de l’approche d’une partie de pêche.
Garder ou relâcher ?
Aujourd’hui, il y a deux pratiques : soit respecter l’Ordonnance relative à la loi fédérale sur la pêche soit remettre le poisson à l’eau.
Avant de décider de garder ou non intervient la question du choix de la technique de pêche. Des études prouvent que l’utilisation d’appâts artificiels influence favorablement la survie des poissons relâchés (voir article de l’association FIBER – Bureau suisse de conseil pour la pêche « Remise à l’eau : une réelle chance pour les poissons ? »).
Le pêcheur peut décider !
La Suisse est un des seuls pays à interdire la pratique du « attraper – relâcher ».
Cependant, voici une des questions du test SANA (attestation pour l’obtention d’un permis longue durée) qui prouve que dans la pratique, c’est différent : « A quelle condition peut-on remettre un poisson ayant atteint ou dépassé la taille légale ? »
Dans certains autres cas, la loi autorise donc tout de même la remise à l'eau. Cela aussi pour que ces poissons puissent continuer à jouer un rôle de reproducteur ou parce qu'ils n'appartiennent pas à l'espèce ciblée. Si je veux attraper une truite fario et que je me retrouve avec un ombre de rivière, qui est interdit à la capture, je suis obligé de le remettre à l'eau.
Même si un poisson a atteint la taille légale, le pêcheur peut donc choisir de le relâcher.
Dès lors, certains s’offusquent que l’on puisse partir à la pêche avec comme unique but de réaliser des photos d’un « poisson trophée » puis le relâcher. Ils ont raison, car la pêche n’est pas un jeu.
Mais alors ne devraient-ils pas aussi s’indigner du fait que, dans nos sorties en lacs ou en rivières, bons nombres de prises n’atteignent pas la taille légale et sont donc relâchées ? La loi précise également que s’il n’atteint pas la mesure et qu’il est blessé de manière potentiellement mortelle, le poisson doit être mis à mort et remis dans la rivière.
Quelques conditions pour garder le poisson
Sans entrer dans trop de détails, voici quelques informations pour les non pêcheurs :
- Respecter la taille minimale prescrite pour le cours d’eau. Cette taille peut varier selon les rivières, il existe aussi des fenêtres de captures (par ex. de 26 à 32 cm, etc.)
- Le tuer dans les règles, selon la Loi fédérale sur la Protection des animaux (OPAn) article 5a. Les personnes ayant acquis l’attestation SANA reçoivent une formation à ce sujet.
- De manière générale, connaître et respecter les règlements en vigueur de tous les lacs ou cours d’eau où l’on pêche.
Quelques précautions avant de remettre le poisson à l’eau
- Limiter au maximum la durée de la lutte du poisson. Prises de vue dans l’eau. Le toucher le moins possible et avec des mains mouillées.
- La remise à l’eau doit toujours intervenir immédiatement après la capture avec le plus grand soin possible. Les manipulations telles que la mesure, le pesage et les prises de vues doivent être réduites au minimum.
- En rivière, réoxygéner le poisson en le tenant face au courant. Le poisson pêché est jugé apte à la survie (pas de blessures importantes ou provenant de grandes profondeurs).
Impacts
En comparaison d’autres éléments, garder ou non le poisson n’a qu’une influence mineure sur la faune piscicole. Pour n’en citer que quelques-uns : le réchauffement des eaux, la prolifération des cormorans et des moules parasites. Découlant des interventions de l’homme, les constructions qui utilisent la force hydraulique, la régulation des lacs, le drainage des terrains agricoles, la liste n’est pas exhaustive.
L’addition de tous ces facteurs contribue à faire payer très chère la note pour la survie des poissons de nos lacs et rivières.
Jacques Rochat