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10.02.2025 par PiBe
num.346 mars 2025 p.04
« Mourir la belle affaire mais vieillir ! », vraiment ?

Tirées d’une chanson du dernier album- testament de Jacques Brel en 1977, peu avant sa mort, ces paroles semblent étonnamment actuelles dans les débats contemporains autour de la fin de vie. En Suisse et ailleurs, de plus en plus de personnes recourent au suicide assisté en revendiquant la volonté de mourir « dignement » afin de s’éviter les affres d’une fin de vie marquée par la dégénérescence ou l’agonie. Ce qui rend cette démarche inédite, c’est cette possibilité de choisir une date pour organiser sa propre mort. On peut prendre les devants, organiser un moment de recueillement avec ses proches avant de passer à l’acte un peu à la manière d’une cérémonie de départ à la retraite ou de départ vers un autre pays. J’y vois dans cette pratique un effet de la sécularisation de notre société dans laquelle les références traditionnelles de la religion ont tendance à s’estomper. Et les tenants de cette position ne manquent pas sur la scène médiatique. André Comte-Sponville, philosophe français, en fait l’un de ses sujets de réflexion dans son dernier livre « Opportunité de vivre ».

En tant que penseur athée, il confie qu’il a commencé à se sentir libéré de toute crainte de la mort à partir du moment où il aurait eu la conviction qu’il n’y avait rien après. « Comment peut-on avoir peur de rien ? ». Ailleurs, on y trouve cette idée que la suprême liberté serait de pouvoir choisir sa propre mort : je n’ai pas choisi ma naissance mais je peux choisir ma mort !
Dans un autre registre, le philosophe Luc Ferry explore dans son dernier livre « IA : grand remplacement ou complémentarité » l’impact que l’intelligence artificielle pourrait exercer à l’avenir sur la santé et sur le processus de vieillissement. Ainsi, l’on y apprend que la vieillesse serait une maladie comme une autre que l’on pourrait soigner, le but étant de prolonger la vie le plus longtemps possible et en bonne santé. Lui aussi ne souhaite pas connaître la décrépitude du vieillissement et veut s’offrir une sorte de jeunesse éternelle grâce aux apports de la technologie.

Plus proche de nous, un journaliste et ancien politicien, s’est récemment donné la mort en expliquant dans une lettre posthume les raisons de son geste. Il raconte qu’à « 54 ans, si on a pris soin de soi, ce que j’ai fait, vous êtes au sommet de votre forme. Juste avant l’inexorable déchéance humaine. » Père de quatre enfants, il dit qu’il continuera à veiller sur eux de là où il est. Plus troublant, il envisage la mort comme un moyen de satisfaire sa curiosité et comme seule solution « pour savoir ce qu’il y a après la vie » à la manière « d’un dernier reportage ». Pour lui « ce ne sont ni les religions ni les sectes » qui peuvent lever le voile sur cette interrogation.
D’après la Bible, toutes ces considérations qui réclament le droit à une longue vie en bonne santé, voire à l’éternité sont légitimes et inscrites dans notre cœur. Dans l’Ecclésiaste au chapitre 3, verset 11, on peut y lire que « Dieu a mis la pensée de l’Eternité dans le cœur de l’homme. » Ce qui diffère fondamentalement ce sont les causes de notre dégénérescence programmée et les solutions pour y faire face.
D’un côté, nous sommes en présence d’une philosophie humaniste qui croit à la perfectibilité de l’homme et voudrait parvenir à l’éternité avec des moyens humains, et, de l’autre, d’une croyance en un Dieu d’Amour qui a choisi d’envoyer Son Fils sur la Croix afin de sauver l’homme de sa nature pêcheresse en l’associant à sa résurrection. Choisir de s’en remettre à Lui, c’est lui faire confiance jusqu’au bout de notre vie en ayant cette certitude qu’il ne nous abandonnera pas et qu’il nous accompagnera dans les moments les plus sombres.

Faire le choix de Dieu, c’est croire en cette promesse : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. » (Jean 6 :47).
Olivier Bauer
 

auteur : Pierre BERKOVITS

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