19.02.2025 par AB
num.346 mars 2025 p.23 Les BDs coup de cœur du mois
La crevette On a longtemps étiqueté le belge Benoît Drousie alias Zidrou comme un auteur pour la jeunesse cantonné au registre de l'humour, comme pour ses séries populaires L'élève Ducobu, Sac à puces ou Tamara. Pourtant, cet excellent scénariste, qui a déjà travaillé avec plus de 35 dessinateurs, surprend agréablement ses lecteurs en livrant des récits adultes profondément humains qui plaisent au public féminin. Avec « la crevette », il signe une comédie mise en scène avec maîtrise dans le Paris des années 50. Il nous livre une partition où son sens de la métaphore, un brin de cynisme et un humour au second degré jalonnent un récit savamment raconté. Même les personnages caricaturaux sont attachants, car croqués avec tendresse. Depuis la nuit des temps, les mensurations généreuses fascinent et suscitent l’envie tout en semant l'affliction chez ceux et celles que la nature a modestement dotés. Si les mannequins des magasins pouvaient parler... ils dévoileraient tous les petits secrets parvenus à leur connaissance grâce à l’observation des employés qu’ils ont vu défiler ! Ils divulgueraient tout sauf un secret, un minuscule secret qui se niche chez Séraphin, l’acariâtre patron des lieux. Une révélation qu’Aline, la nouvelle dactylo, va découvrir par inadvertance. Et qui pourrait faire du magasin Divine une bien triste comédie, s’il venait à être connu ... Le dessinateur breton Paul Salomone, connu pour sa série « L’homme qui n'aimait pas les armes à feu », est également un sportif de haut niveau en Roller Marathon. Il a travaillé dans le cinéma d’animation, puis vers l’an 2000, il s’exile entre Nîmes et Montpellier et obtient une licence d’Arts Appliqués. Il s’impose aujourd’hui avec un dessin semi réaliste parfaitement maitrisé où ses couleurs pastel confèrent à l’histoire un charme fou, sans doute le fruit d’un travail fait en amont. Son style est bien reconnaissable et se module subtilement pour conférer à l’ensemble sa propre identité visuelle. Le chant de la femme parfaite Le sujet de l’album est le suivant. Alain est un militaire chargé de décrypter des messages, de protéger les informations sensibles et de lutter contre la fraude dans le monde numérique. Il doit démissionner après avoir commis une erreur ayant coûté la vie à des soldats en Afghanistan. Il se sent coupable de la disparition de ses camarades et veut comprendre ce qui s'est passé. C'est pourquoi il continue seul ses recherches scientifiques sur le spectre électromagnétique. Lorsque Catherine, sa femme, décide de le quitter, une période difficile commence pour ce cryptologue de l'armée, entre crises et hallucinations. Jusqu'au jour où il rencontre une femme, sosie de son ex-compagne, possédant un pouvoir de guérison... Cette inconnue d'un autre univers pourrait-elle le sauver grâce à ses pouvoirs ? Est-ce que la femme parfaite existe ? Est-ce un mythe ? Voici les questions que cette BD peut vous laisser en tête... Comme dans « Balade au Bout du monde », Makyo nous transporte dans un monde fantastique mais prenant ancrage dans la réalité. Il nous emmène dans une réflexion sur l'amour ainsi que sur la maladie et de ce qui en découle pour les proches et les intervenants. La trame est assez simple, néanmoins les relations entre les personnages sont bien ficelées et le résultat est - somme toute - agréable à lire. Le dessin de Bruno Cannucciari est efficace dans un style réaliste. Les couleurs numériques apaisantes nous entraînent vers une vision plus poétique de l'histoire. Le découpage est assez classique, avec parfois de l’audace dans la colorisation pour montrer l’évolution des personnages. auteur : Alexis Berset
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