Versoix égalité a organisé, en collaboration avec les services culturels et de la cohésion sociale de notre ville, CinéVersoix et la Ludothèque, une série d'événements variés autour de la journée internationale des droits des femmes. Tel un kaléidoscope, voici quelques reflets de ces moments de partage bien appréciés par leur public.
Remue-méninge
Tout a commencé avec une conférence bien documentée de Hyade Janzi et Anne-Laure Sommer, toutes deux enseignantes d’histoire, à propos des sorcières du moyen-âge à nos jours. La présentation sous forme de dialogue a interrogé la figure de la sorcière à travers le temps. La Suisse est une des régions européennes où elles ont été le plus chassées, jugées et brûlées. On estime que 6000 personnes ont subi ce sort dans notre pays, principalement des femmes qui ont été persécutées dans un contexte de luttes religieuses (réforme) et sociales (milieux urbain et campagnard). Un livre, « Le Marteau des sorcières », écrit par un dominicain en 1486, indiquait à l'inquisition comment procéder pour obtenir des aveux sous la torture et prouver qu’il s’agissait bien d’une sorcière grâce à des signes sur la peau. Les accusations principales étaient d'être les amantes du diable, de participer à des sabbats (fêtes anticléricales), de se déplacer en balai et de porter malheur. Toutefois, il s'agissait souvent de personnes considérées marginales, parce que célibataires ou veuves. Pire même ! Des sage-femmes ou guérisseuses ont été condamnées à cause de leur travail ! Elles continuaient à pratiquer quand bien même le pape avait interdit la pratique de la médecine à quiconque n’ayant pas fréquenté l’université qui était fermée aux femmes. Accuser quelqu’un de sorcellerie était aussi un moyen efficace et cruel de se débarrasser d’une personne qu’on n’aimait pas… C’est en 1652 que la dernière sorcière a été exécutée à Genève, Michée Chauderon. Depuis, elle a été réhabilitée et un chemin lui est dédié près de l’avenue d’Aïre. A Fribourg, l’ultime victime de cette chasse, Catherine Repond, morte en 1731, a aussi été disculpée. La place de son bûcher porte son nom aujourd’hui. A noter que la représentation des sorcières a évolué au travers des siècles. Le cinéma utilise cette figure de manière bien plus romantique aujourd’hui et les féministes s’en sont appropriée, afin de mettre en évidence la misogynie et les discriminations qu’elles ont subies.
CinéVersoix
En d’autres temps, une chasse aux sorcières aurait été ouverte à Versoix le 7 mars, lorsque le projecteur de CinéVersoix est tombé en panne. Le caporal Schnyder aurait mené l’enquête sous la direction de son chef Emil, furieux que son film ne soit pas diffusé… Dommage, une des séances annulées faisait justement partie de la programmation des SemaineS de l’égalité. Aujourd’hui, pas de superstition complotiste, du bon sens seulement ! Un technicien a été appelé pour régler le problème… Le 15 mars, le public a pu apprécier les films Pretty when you cry et Everybody loves Touda.
Spectacle de Meufs
Le public des Caves était majoritairement féminin le 8 mars, et pour cause ! Il s’agissait d’un spectacle d’improvisation de comédiennes lausannoises. Leur complicité sautait aux yeux et leurs réparties humoristiques ravissaient les oreilles. Parfait pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes ! Le sketch le plus emblématique a certainement été celui où des cheffes parlaient du physique de leur stagiaire qui devait leur apporter un café et de leur maris resté à la maison pour s’occuper des enfants. Enfin, quoi ! Ce n’est quand même pas difficile de les torcher, non ? Un retournement de situation hilarant et interpelant.
Ne détourne pas le regard
C’est à la Passerelle de la Pelotière qu’a eu lieu cet atelier, rondement mené par Thaïs et Julia. Les deux comédiennes ont joué une scène de violence verbale intense d'un couple à la sortie d'un bar en fin de soirée. Le public a été invité à réfléchir ensemble à pourquoi réagir ou pas dans ces cas … et surtout comment. Ensuite, la dispute a été répétée deux fois, avec la possibilité d’intervenir de la moitié de l’assemblée, alors que l’autre observait, et vice-versa. Une discussion a suivi afin de donner des trucs ou stratégies lorsqu'on se trouve confronté à de la violence.
Puis, la scène a été répétée deux fois, avec des variations tenant compte des conseils précités, suivie d'une discussion très animée. A noter que la violente dispute, qui débutait toujours de la même façon, s’est calmée au fil des réactions des intervenants, preuve s'il en fallait une de l'utilité du cours.
Ensuite, un sketch de harcèlement a été joué avec pour décor un bus. Les personnes présentes étaient invitées à réagir au moment qu’elles jugeaient opportun. Un débat à propos du "niveau de tolérance" a eu lieu, les gens ayant une sensibilité différente. Enfin, chaque personne a pu exprimer ce qu'elle avait appris ou déjà vécu, un partage constructif.
Soirée jeux
Même si les jeux prévus n’ont pas été animés, Versoix égalité a pu distribuer des informations et sensibiliser le public aux Caves. Il faut reconnaître que les gens sont venus en groupe et avaient déjà une idée de ce qu’ils voulaient partager. Peu importe ! Même si une seule personne a été sensibilisée par violentomètre si explicite, c’est peut-être une vie de sauvée à terme. Alors que huit féminicides ont déjà été officiellement répertoriés en Suisse en 2025, chaque effort pour éradiquer ce fléau compte. L’information est justement un des moyens de lutter contre.
Plus d’infos ?
Le violentomètre : https://versoixegalite.ch/wp-ontent/uploads/2025/01/violentometre-v.webp
Versoix égalité : https://versoixegalite.ch
Photo : Cristina Veri