08.03.2025 par SL
num.347 avril 2025 p.09 8 mars : est-ce encore pertinent de célébrer la Journée de la Femme ?
Lorsque je vivais en Italie, le 8 mars était une journée que nous toutes, filles et femmes, aimions célébrer, pas seulement pour ce qu'elle représentait, mais aussi parce qu'en plus des échanges de vœux, il était traditionnel de recevoir un brin de mimosa. La mimosa comme symbole de la Journée de la Femme est une tradition italienne. Elle a été choisie parce qu'elle était facilement disponible car elle fleurit spontanément. En Suisse, il me manque que la fête ne soit pas autant ressentie qu'en Italie, non seulement au niveau institutionnel mais aussi parmi les gens. Origine de la fête La route est encore longue et pleine d’obstacles Discrimination, inégalités salariales, limitations des opportunités professionnelles et personnelles, précarité de la vie sont quelques-unes des combats que les femmes doivent encore gagner, dans le monde et aussi en Suisse. Si, d'une part, les femmes étudient de plus en plus de matières scientifiques et techniques, avec des résultats aussi bons voire parfois meilleures que les hommes, l'accès et surtout la carrière dans les secteurs traditionnellement masculins restent très limités et pleins d’obstacles. En 2024 seulement 37,4% des femmes étaient membres de la direction ou avaient des fonctions dirigeantes en Suisse. Les femmes subissent des pertes salariales encore plus importantes dès qu'elles deviennent mères, car pour s'occuper de la famille et des enfants, elles sont souvent contraintes de réduire leur taux d'occupation ou d'interrompre leur activité professionnelle. En 2023, en Suisse, seulement 46 % des femmes travaillaient à un taux d'occupation égal ou supérieur à 90 %, tandis que 86 % des hommes travaillaient à temps plein. En Suisse, les femmes gagnent en moyenne environ 20 % de moins que leurs collègues masculins pour des emplois de même valeur. Dans l'économie européenne, cet écart est de 12,7 %. En 2022, la Confédération a mesuré pour la première fois l'écart de genre au niveau du revenu global cumulé tout au long de la carrière active. En Suisse, la différence est de 43,2 % ! En outre, les droits reproductifs des femmes, durement acquis à la fin du siècle dernier avec des lois garantissant l'accès à l'avortement et à la contraception, sont à nouveau menacés et dans de nombreux pays toujours interdits, mettant en danger la santé physique et psychique des femmes. La violence de genre demeure de plus en plus un grave problème mondial, avec des estimations indiquant qu'une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. À cela s'ajoute la violence économique et psychologique, moins visible que la violence physique mais également dramatique et plus insidieuse. 14 juin - Grève des femmes Malgré ces manifestations la situation n’a pas changé, voire elle est devenue pire. Voici deux exemples récents. A partir du premier janvier 2024 l’âge de la retraite des femmes a été relevé de 64 à 65 ans ,sans qu’il y ait encore aucune égalité dans l’accès au marché du travail ou valorisation du temps non rémunéré que les femmes consacrent à la famille. Depuis la semaine passée, le Conseil Fédéral est désormais composé que de deux femmes... Quoi faire alors? Les femmes devraient aussi être plus représentées au parlement suisse. Pourtant, les progrès vers una représentation paritaire de genre dans la politique suisse ont été très lents depuis l’introduction du droit de votes aux femmes en 1971. Lors des élections de 2023, le pourcentage de représentation des femmes a diminué à 38,5 % avec 77 sièges au Conseil national, tandis qu'au Conseil des États, il s'est arrêté à 34,8 %, bien que le nombre de conseillères ait augmenté de 12 à 16 membres. C’est aussi essentiel que lors des prochaines échéances électorales, que ce soit pour des votations fédérales, cantonales communales ou des référendums, l'on préfère des candidat.es et des initiatives en faveur d'une véritable égalité des genres. Cependant, c’est surtout un changement socio-culturel qui doit avoir lieu. Une femme vaut autant qu'un homme. Les femmes ne devraient plus être les seules à s'occuper des tâches ménagères et familiales. Les hommes, de leur côté, devraient assumer une partie de ces tâches et alléger le fardeau des femmes. Ils devraient même pouvoir prendre un congé payé pour s’occuper de ses enfants sans crainte des conséquences au niveau professionnel, comme c'est le cas pour les femmes. En outre, le travail des femmes devrait être vu comme complément essentiel pour le bon fonctionnement de la société et surtout de l’économie, notamment pour favoriser une augmentation du PIB. En effet, la situation actuelle entraîne aussi des dégâts économiques importants pour les familles, notamment une diminution conséquente des revenus et donc, de pouvoir d’achat et en même temps aussi pour l’Etat, avec une diminution des recettes fiscales et des cotisations sociales. Nous sommes, donc, tous perdants.
auteur : Sabrina Lanzavecchia
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