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16.03.2025 par ro
num.347 avril 2025 p.20
Ombre: Couvent

Dans le couvent de Sainte Marie des Déserts, il y a une cellule spéciale. Celui qui y entre est transformé à jamais. Les cris et les injures n'y sont d'aucune utilité. On y perd la notion du temps et des choses du monde. On y apprend le chemin de la sainteté, en oubliant les choses terrestres. La Supérieure détient la seule clé. Elle seule décide qui entre et qui sort. Depuis des générations, les novices y laissent des morceaux de leurs ongles, des mèches de leurs cheveux et l'écho de leurs cris. D'autres ont même écrit des messages dans leur sang ou dans l'encre de leurs excréments : des appels désespérés, des désirs de remettre les pieds sur terre.

Celui qui entre perdu devient un fidèle messager quand tout est fini, quand le liquide injecté réchauffe chaque partie du corps pécheur et laisse entrer l'air dense, car c'est une faveur d'être réprimandé et guidé par quelqu'un qui n'a pas de tache. C'est un lieu qui transforme le doute en foi, la passivité en action, une action nécessaire pour évangéliser les gentils qui errent sur les routes oubliées du désert de ce nouveau monde où le sable arrache la chair des os et polit les roches millénaires sous deux soleils intenses.

Le couvent de Sainte Marie des Déserts est un lieu spécial. Tout commence par des lectures et des prières... et se termine toujours à la même heure, même s'il n'y a pas de nuit, lorsque la Supérieure se désactive.

Danilo Rayo

auteur : rédacteur occasionnel

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