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17.03.2025 par ro
num.347 avril 2025 p.10
Courrier de lecteur Partage d'étonnements

Je partage les « étonnements » du président des Supernounous, (no. de mars, p. 7) en ce qui concerne l’ubiquité des smartphones entre les mains des tout-petits. Je m’étonne également d’ailleurs de la vue si fréquente d’un smartphone non seulement à la main d’un parent en compagnie de son enfant, mais consulté pendant des minutes entières par l’adulte, sans un mot qui renforcerait le lien parent-enfant. Mais cela explique bien en partie l’attraction de ce gadget pour nos enfants : il est désormais la porte d’entrée dans le monde des « grands ». Malheureusement cette entrée dans le monde adulte implique la perte de l’enfance.

J’ai récemment pris connaissance d’une campagne mondiale, Smartphone-Free Childhood, ou Enfance sans Smartphone. En Suisse il s’agit, au niveau national, de Smartphone-freie Kindheit, qui a des sections dans chaque canton. A Genève on est apparemment 18, mais je n’ai aucune idée du niveau d’activité de cette section. Pour s’inscrire, le plus simple, c’est d’aller sur le site https://smartphonefreechildhood.co.uk/global-index , suivre le lien vers Switzerland et puis “Join chat”.

Je me suis inscrit également dans un groupe local en Angleterre et le “chat” national suédois. C’est par ce dernier que j’ai appris que le gouvernement de la Suède prend très au sérieux cette question des Smartphones dans les écoles, surtout primaires.

En effet, une commission d'experts en Suède vient de recommander qu'une interdiction des smartphones (totale en école primaire) pourrait être une bonne chose et que, si elle est acceptée, devrait entrer en vigueur à partir de juillet 2026[1]. Selon leur enquête (1’500 réponses), 8 écoles suédoises sur 10 appliquent déjà une interdiction volontaire, 7 directeurs sur 10 considèrent que cette interdiction est bénéfique et 6 sur 10 sont en faveur d'une interdiction formelle. La commission a examiné de nombreuses études et constate que, bien qu'il n'y ait pas encore de preuve définitive des avantages d’une interdiction, il existe de nombreux éléments qui semblent en démontrer les bienfaits : notamment, réduction du cyberharcèlement, hausse du temps d'enseignement de qualité, sentiment de “libération” parmi les élèves, plus grand sens de communauté, par exemple dans les préaux, et réduction du temps total passé devant l'écran.

Il s'agit ici des smartphones, et non des autres technologies, y compris celles de soutien à l'enseignement. En même temps, davantage de ressources doivent être consacrées au matériel analogique, avec un "droit" pour les enfants d'avoir accès aux livres, y compris un manuel par enfant et par matière, des ressources supplémentaires pour les bibliothèques, etc.

Les questions d'organisation ne sont pas négligeables. Collecte et restitution des téléphones en début et fin de journée; coûts estimés de stockage (armoires ? etc.) = 15 millions SEK (forfait) ; un demi-poste par autorité locale à l'échelle nationale = 100 millions SEK (annuels). Mais ceux qui ont déjà une interdiction en place trouvaient qu’en obtenant en amont l’accord de tou-te-s les concerné-e-s, ça marchait sans trop de difficultés.

Un exemple à prendre en compte par nos autorités.

Nigel Lindup

[1] Pour les suédophones parmi nous, voici un lien vers la conférence de presse de lancement du rapport. https://www.regeringen.se/pressmeddelanden/2025/03/skolministern-tar-emot-forslag-om-mobilfri-skola/

auteur : rédacteur occasionnel

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