16.04.2025 par ALBB
num.348 mai 2025 p.17 Grands Écarts de Carla da Silva
Cette année, la Suisse accueille la coupe européenne de football féminin. L'occasion de réfléchir à la place des femmes dans le sport… surtout celle qu'on veut bien leur laisser… C'est dans ce cadre que notre ville a offert carte blanche à Carla da Silva, une photographe versoisienne connue, pour un projet en collaboration avec les clubs locaux. Le résultat est affiché sur la façade du Boléro côté gare, une grande première, et dans le hall jusqu'au 31 juillet. Ainsi, le public ne peut pas rater ces images parlantes. Un concept proportionnel Table ronde du vernissage Cette heure d'échanges riches de clins d'œil et d'expériences, entre ces femmes et le public est difficile à résumer. Toutefois, quelques idées et réflexions valent le détour. Pourquoi donc la part du sport féminin dans la presse n'est que de 10% ? L'excuse serait le manque de sponsoring… mais sans publicité, comment en obtenir ? Le serpent qui se mord la queue… L'inconscient collectif attribue l'agilité aux femmes et l'endurance aux hommes. Pourtant, chaque être humain est capable des deux. Le meilleur exemple ? L'athlétisme ! Ces disciplines sont ouvertes à tout le monde, les entraînements peuvent être partagés et les performances d'équipes n'en sont que meilleures. D'ailleurs, aux derniers JO d'été à Paris, la parité des athlètes a été obtenue pour la première fois. Souvent, les règles ou la maternité sont utilisées comme excuse pour décourager une athlète. Pourtant, Frida Svensson a affirmé que ses performances étaient meilleures après sa grossesse … sauf qu'elle avait perdu ses sponsors ! Par ailleurs, Kirsi Wolfisberg a souligné que sa maman, qui a eu 7 enfants, a toujours pratiqué du sport. Magnifique exemple pour sa famille dont chaque membre a pu s'épanouir dans une discipline, peu importe laquelle. Ornella Domini a expliqué qu'il faut de la volonté pour s'imposer dans un monde réputé masculin, mais surtout surpasser les limites qu'on se pose soi-même. Carla da Silva a rappelé que les préjugés existent partout. Lors d'un entretien d'embauche, on lui a demandé si elle aurait la force pour porter son matériel. Elle a rétorqué "Auriez-vous posé cette question à un homme ?"… et n'a d'ailleurs pas obtenu le poste. Pascale Blattner a raconté que les commentaires du patinage artistique lui ont été attribués à son arrivée à la RTS il y a 20 ans. Personne ne les lui a réclamés depuis… et il lui serait illusoire d'obtenir le micro pour un sport considéré masculin… Le public a apporté des idées. Une prise de conscience des hommes est nécessaire pour abolir le fameux plafond de verre qui bloque les femmes. Il s'agit d'un problème sociétal global qui ne pourra pas être résolu par la force (de conviction ?) des femmes, mais par une évolution commune des mentalités. Tout le monde y gagnerait. Macolin, centre militaire, est destiné à l'élite sportive du pays qui bénéficie des meilleures conditions pour s'entraîner. Toutefois, son accès est réservé aux disciplines olympiques considérées comme reconnues et les femmes y sont trop minoritaires. Plutôt que de laisser cette école aux mains de l'armée, pourquoi ne pas la considérer comme centre de la Confédération pour le sport. Bien d'autres points ont été soulevés dans une ambiance constructive et conviviale. Puis, une verrée a conclu le vernissage. Photo : Carla da Silva : l'exposition
auteur : Anne Lise Berger-Bapst
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