Un des marronniers en sursis. Restera ? Restera pas ? Les marronniers une espèce qui n’a plus la cote en forêt. A droite M. Partrick Fouvy, directeur du Service du paysage et des forêts
Le directeur du des forets explique pourquoi il faudrait créer des totems dans cette forêt.
Le directeur des forets explique pourquoi il faudrait créer des totems dans cette forêt.
Les grands arbres transformés en quilles pour « sauver un peu de biodiversité
Le public inquiété par ces abattages de gros arbres en période de canicule essaie de comprendre la logique des spécialistes
La forêt, même petite, se gère différemment que les arbres en ville.
Des habitants ne veulent pas perdre la fraîcheur apportée par les grands arbres dans leur parc, propriété de l’Etat !
Tout ça pour quoi ? Tout est prévu et la sentence sera exécutée dès janvier 2024. Une main appelle à l'aide !
Pétition forte de 842 signatures pour tenter de limiter les abattages est remise au Maire et au Conseil d'Etat par Mme Rachael Reilly .
Lugubre ! Une forêt mal entretenue, laissée à l’emprise du lierre qui envahit et fragilise les arbres mais apporte de la biodiversité. Un problème de société au niveau végétal. Tristesse de perdre ces grands arbres pour les habitués des lieux
Missions de l'OCAN
 
Esthétique discutable, les grands arbres sont maintenant "démontés". Une quille de 5 à 10mètre est laissée en place pour favoriser la biodiversité.
21.09.2023 par PAD
num.332 octobre 2023 p.03
Au Parc Lullin, la forêt de Genthod veut faire place aux jeunes !

Bientôt la quille pour les marronniers centenaires sacrifiés ? Ils font trop d’ombre. Place aux jeunes  !

L’alerte ! Tels les points rouges d’une varicelle, le marquage d’une cinquantaine d’arbres dont une dizaine de marronniers centenaires, dans la partie du cheminement traversant le bas du Parc Lullin a vivement inquiété puis mobilisé les habitués de ce parc heurtés dans leur la sensibilité. Cette partie boisée, le long de la voie CFF au Creux de Genthod constitue un havre de fraîcheur grandement apprécié en période de canicule, d’autant que celles-ci tendent à se répéter toujours plus fréquemment.

Une quarantaine d’arbres à supprimer (60m3) : 19 petits (16 à 30 cm de diamètre) soit 6 m3, 12 moyens (30 à 50 cm) soit 13 m3, 11 gros (16 à 30 cm de diamètre) soit 41 m3.

Une pétition a été lancée durant l’été par ces habitants dont la presse a fait écho du problème. Xavier Lafargue dans la TdG du 21 août 2023 a fait une excellente synthèse de la situation, nous vous invitons à vous y référer.

Les coupables ? L’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN) - l’un des 9 offices du département du Territoire de M. Antonio Hodgers – comporte un Service du paysage et des forêts, dirigé par M. Patrick Fouvy, en charge : des Forêts et arbres isolés, du Paysage et des espaces publics, de la Nature en ville, ainsi que des Travaux en entretien. Naturellement, c’est donc bien la mission de ce service que de décider du traitement de ce bois, et cela d’autant que l’Etat de Genève en a hérité et en est devenu le propriétaire.

Explications : afin de répondre à l’inquiétude de la population, le service du paysage et des forêts organisait le 20 septembre, avec la Commune de Genthod, une séance d’information publique sur les enjeux des travaux de gestion forestière de la campagne Lullin : première partie, visite sur le terrain au bas de la Campagne Lullin, suivie de la présentation des enjeux et discussion à l’Espace Saladin à Genthod.

Une cinquantaine de personnes intéressées ont participé à cette séance intéressante conduite par M. Fouvy et l’un de ses collaborateurs. On notait la présence du Maire de Genthod, M. Joël Schmulowitz, qui apportait la prise de position de la Commune sur l’abattage d’arbres au parc Lullin et de plusieurs correspondants de la presse et des media saisi que des représentants d’associations engagées pour la préservation de la nature et du climat.
En préambule, les défenseurs des chauve-souris se sont invités pour signaler qu’une large colonie réside en ces lieux, dans les cavités des grands arbres et empruntent nuitamment le tunnel d’accès aux bains de Saugy. Déjà perturbées par les éclairages publics, elles souhaitent (par la voix de leurs défenseurs) que les abattages soient minimisés. Il est répondu qu’une partie de leurs habitats seront conservés en laissant les 10 premiers mètres des arbres non pas abattus mais démontés. Il s’agit une taille en quille, à la mode, qui permet de conserver une partie de la bio-diversité locale sans faire trop d’ombre.
Esthétique douteuse en milieu naturel !

De cette visite des lieux, il ressort qu’une forêt un satut spécial, elle n’est pas traitée de la même manière que des arbres isolés. Pas besoin d’être grande, une forêt peut recevoir ce statut dès 500m2. La bonne gestion d’une forêt consiste à avoir la présence de 3 générations d’arbres : petits, moyens et grands. Il faut que la lumière puisse pénétrer pour favoriser la croissance des jeunes espèces. La plupart des forêts trop denses n’ont que deux générations, l’ombre des grands arbres empêche le développement des petits et des moyens. C’est le cas dans la forêt du parc Lullin.
Des abattages sévères, imposés par les CFF par sécurité, ont déjà eu lieu le long des voies. On peut voir le spectacle désolant qui en résulte 2015, 2016 et 2020, avec quelques arbres en quille ! Alors qu’en général ce sont les jeunes pousses naturellement en place qui constituent le renouvellement en forêt, ici l’on a dû procéder à de nouvelles plantations (30 arbres ont été abattus soit 72 m3. 250 plants d’espèces buissonnières ont été plantés en compensation. En 2020, 50 chênes et 25 tilleuls ont été plantés sur le haut de la trouée).
Les marronniers mal aimés ! Ils sont considérés comme des espèces exotiques ; on parle de marronnier d’Inde répandu en Europe depuis le XVIIIe siècle. Depuis 3 siècles, il devrait pourtant avoir acquis sa « naturalisation » et ses lettres de noblesse grâce à sa longévité (jusqu’à 250 ans), sa hauteur (jusqu’à 30 mètres), sa canopée très développée par la grandeur de ses feuilles, la beauté de ses fleurs et les vertus thérapeutiques de ses graines. Mais, contrairement au châtaignier, le marronnier n’est pas un arbre de forêt, c’est un arbre de parc, de ville, ou un arbre isolé. De plus, son intérêt économique n’est pas très grand, ni pour la construction, ni pour le chauffage. Comme le saule, le peuplier et le tilleul, il chauffe peu. Économiquement, le marronnier ne vaut rien. Même pas pour la fixation du CO2 de l’air puisque nos spécialistes considèrent que les arbres ont un bilan carbone est neutre si leur bois n’est pas utile dans la construction. Et pourtant, ils stockent tout de même le carbone pendant plusieurs siècles. Allez comprendre cette logique ! C’est ce qui le condamne définitivement aux yeux des forestiers qui ont la bonne conscience de les marquer d’un point rouge lorsqu’il se trouve en forêt.

Les questions de changement climatique, de canicules, de besoins actuels et futurs de fraîcheur assumés par nos grands arbres, leur contribution au sentiment de bien-être (sans h, ni haches !) semblent ne pas se poser pour nos spécialistes. Même le report ou l’étalement des interventions est reconnu comme possible mais jugé comme économiquement plus coûteux !
En conséquence, après toutes ces explications les nombreuses divergences du public et des spécialistes perdurent en cette période de crise climatique. Pourtant la photosynthèse opérée gratuitement par les surfaces de feuillages reste la solution naturelle idéale pour fixer et réduire les excès de CO2 avec les limitations de consommation carbonée. De ce fait, le bien-fondé des abattages à outrance constatés dans tout le canton depuis longtemps est contesté. Quand s’occupera-t-on aussi aussi des effets de la croissance du trafic aérien et de la densification qui annulent tous les efforts de réduction de consommation demandés à la population ? Mais en politique on n’est pas à une contradiction près !

Ainsi, au terme de cette soirée intéressante et animée, dans un esprit de compréhension et de respect mutuel, on se rend compte que les deux logiques des discours sont restées intactes :
- L’ouverture sur des aménagements possibles annoncée par M. Fouvy (rien n’est encore fixé dit-il… à part les 50 points rouges !), est contredite par l’exposé de la suite de la procédure venant du même auteur :

- -Fin septembre : publication dans la FAO de la requête d’abattage – 30 jours pour déposer des observations. -Fin octobre analyse des observations.
- -Début novembre : publication dans la FAO du permis de coupe – 30 jours de délai de recours (par les ayant droit).
- - Janvier 2024, début prévu des travaux !

Qui pourra freiner ou limiter le processus ? Qui pourra déposer des observations ? Qui aura le droit de faire recours ? Sauvegarde-Genève ?

- Dépôt de la pétition* initiée par Mme Rachael Reilly, qui profite de cette occasion pour déposer devant le Maire, les 842 signatures, qu’elle adresse à la Commune et au Conseil d’Etat, s’opposant à l’abattage massif des grands arbres dont seuls 2 marronniers semblent problématiques. Il est temps de cesser d’avoir une vue dogmatique concernant notre environnement, pour la remplacer par une vue d’ensemble, incluant le bien-être des habitants dans les cités ou les lieux de détentes en y incluant le facteur temps, trop souvent oublié.*

- La prise de position de la commune de Genthod* fait confiance au savoir, au métier, aux compétences ainsi que la responsabilité de la gestion du patrimoine arboricole du canton de l’OCAN et appelle à une minimisation des abattages, assortis d’une justification qui tienne compte de la sensibilité des habitants de la commune*.


Finalement, les habitants espèrent encore que l'expression de la sagesse populaire, pour une limitation des abattages, sera entendue par les autorités.
 

*Voir les documents et les photos légendées de cette soirée sur la version internet complète de cet article. https://www.versoix-region.ch/index.php?page=150&obj=8744
 

En bleu- Commentaires personnels ajoutés par le rédacteur.

auteur : Pierre Dupanloup

<< retour  rafraîchir cette page

 0 réaction(s) sur "Au Parc Lullin, la forêt de Genthod veut faire place aux jeunes !"
Merci de vous inscrire avant de pouvoir réagir (gratuit).
login (email) 
pass 
Vous avez oublié votre mot de passe, vous voulez le recevoir par email:
email
Si vous n'avez pas de login pour ce site versoix-region.ch
Entrez vos nom ET prénom pour vérifier que vous n'êtes pas déjà répertorié
* nom* prénom
continuer