18.05.2014 par ro
num.239 juin 2014 p.05
Où sont les sables d'antan ?

Alors on veut procéder à la construction d’une sortie d’autoroute à Versoix. On peut supposer que les autorités demanderont une étude d’impact environnemental (EIE).

Pourtant, il n’est pas clair à qui il incomberait d’en faire la demande. Selon le type de projet, cela peut être le canton ou la Confédération : s’agit-il d’une route nationale, une route principale construite avec l’aide fédérale ou « autre route à grand débit » ? Selon l’ordonnance pertinente (OEIE), il y a des points spécifiques à examiner. Ceux-ci sont repris dans les dispositions légales genevoises dans la matière. Il faut néanmoins s’assurer que les autorités n’aient pas une marge d’appréciation si large qu’elles puissent tout simplement déconsidérer des éléments importants de l’impact réel du projet. 
Un dossier à suivre de près donc.

Personnellement, je préfère regarder ce projet dans le contexte global du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml), qui démontre que le « business as usual » n’est plus une option.

Le GIEC est la seule instance experte globalement mandatée dans ce domaine. Nous l’avons créé pour donner des conseils sur comment notre espèce peut éviter le catastrophe, ce qu’il fait périodiquement depuis 1990. Alors, qu’est-ce que nous allons faire de ses conseils ?

D’abord, ce sont les projets comme les nouvelles routes, les piscines olympiques, les centres commerciaux, qui doivent être remis en question. Il faut avoir la maturité et la sagesse de dire, Stop, assez ! Plus généralement, le concept du développement «durable » doit être revu.

Tout développement consomme irreversiblement des ressources naturelles dont dépend la vie humaine. Il n’est pas question de « sauver la planète » : elle s’en sortira à la longue. C’est nous qui dépendons de la planète et non pas elle de nous. Penser autrement est juste arrogant, car tout, absolument tout, ce que nous imaginons « créer » est le fruit d’un prêt de la nature. Notre existence et celle de nos enfants est hypothéquée et il est l’heure de payer les intérêts.

Un exemple surprenant mais vrai : le sable utilisé dans ce projet, d’où ça viendra ?

Ceci aussi est une ressource non-renouvelable, qui est en train d’ailleurs de s’épuiser. Mis à part l’étonnant fait que des Etats se disputent les droits au sable, l’aspiration du sable du fond de l’océan accélère l’érosion des côtes, puisque la gravité tire le sable des plages vers les trous laissés par ces processus de grande échelle ; cela affecte non seulement la vie des habitants humains de la côte mais toute la vie sous-marine et donc la chaîne de l’alimentation, qui termine avec nous-mêmes.

Et cela, bien sûr, au-delà des autres impacts environnementaux directs au niveau local.

Si on y réfléchit bien, à quoi sert vraiment une sortie d’autoroute à Versoix ?
Est-ce qu’elle vaut vraiment le prix ?

 

Nigel Lindup

auteur : rédacteur occasionnel

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