16.04.2025 par AB
num.348 mai 2025 p.18 Les BD du mois
Voie de garage
Dans ce roman graphique, Sophie Adriansen écrit une fable contemporaine pleine de tendresse et de poésie. Elle considère cette bizarrerie comme une forme d'art, permettant d'échapper à la norme d'un monde qui n'aime pas les différences. Grâce à son personnage, librement inspiré de l’affaire de l’homme bus, elle démontre qu’il ne faut pas confondre autisme et oligophrénie. Paulin comprend parfaitement que ses agissements ne sont pas dans la norme, mais qu’ils le rendent heureux. Après une bagarre avec des types qui avaient voulu casser l’un de ses trolleys, il est interné dans un hôpital psychiatrique. Un avocat et un journaliste prennent alors sa défense, tandis qu’une manifestation populaire s’organise… L’album tente de répondre à de nombreuses questions sociétales qui font débat aujourd’hui : est-il une menace pour la société ? Pourquoi une simple excentricité conduit-elle à l'enfermement d'un homme ? Comment percevoir le handicap ? Y a-t-il une inadéquation dans nos structures sociales et hospitalières actuelles ? Le dessin d’Arnaud Nebbache avec ses formes colorées non cernées d’un trait noir comme dans la pratique classique donne à ce récit un côté poétique. Un film réalisé par Fanny Molins avec l’acteur Raphaël Quenard, meilleure révélation masculine aux César 2024, dans le rôle de Martial est aussi en préparation.
Pour survivre à une terrible famine qui sévit, trois adolescents, Ivar, Kaya et Oswald, n'ont pas d'autre choix que de braconner. Mais le fils du Jarl, le maître des terres, les surprend accompagné par son maître d'armes. L'échauffourée qui s'ensuit tourne au drame, il tombe de la falaise et perd ses deux jambes. Ivre de vengeance, il lance ses Walkyries à leur poursuite. Arrêtés, jugés, les trois compères ne doivent leur survie qu'à la cruauté du Jarl : il les condamne à se transformer en monstres, à devenir trois de ses fidèles berzerkirs, monstres mi-humains, mi-animaux. Ils vont traverser des épreuves toutes plus horribles les unes que les autres. Il leur reste sept jours d'humanité. Sept jours pour trouver le légendaire Roi des fauves, le seul à pouvoir les arracher à leur funeste destin. Pour nos héros, amis depuis toujours, c'est le début d'un long voyage au bout d'eux-mêmes. Ce trio qui lutte pour rester humain malgré la violence et les doutes est attachant. Il s’agit d’une grande histoire d'amitié dans un univers de « fantasy » très sombre, brutal et dévorant. Ivar est le leader qui conduit ses compagnons et est prêt à tout sacrifier pour les sauver. Oswald est plus réfléchi et contrebalance la fougue d'Ivar qui se laisse parfois emporter. Kaya est intelligente, mais tête brûlée et loin de la faible jeune fille qu’on pourrait imaginer. Le dessinateur Sylvain Guinebaud, né en 1973 à Boulogne-Billancourt, obtient une licence d’Arts plastiques en 1996. Il est admiratif devant les albums de Berni Wrightson et de Claire Wendling. Son graphisme assez classique exprime bien la temporalité par l’alternance de couleurs fauves et des tons gris. Cet album se lit d’une traite et est assez addictif. Il est à conseiller pour ceux qui aiment le genre fantastique sombre et cruel. auteur : Alexis Berset
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